Par un communiqué laconique, la CFE-CGC indiquait dans la soirée que la balle était dans le camp de l’actionnaire qui devait revenir à la table des négociations avec des engagements clairs.
« D’ici demain, le médiateur peut et doit revenir avec le déblocage attendu de l’actionnaire Transdev co-entreprise Veolia CDC, qui permette une mise en oeuvre loyale de sa mission », précise ainsi le syndicat de l’encadrement qui souhaite que la discussion débouche mardi sur « un projet de protocole et de calendrier, sécurisé et sûr ».
Lundi soir les syndicats semblaient apprécier « la méthode » mise en oeuvre par le médiateur, Gilles Bélier, nommé il y a une semaine par le secrétaire d’Etat aux transports, alors que la grève va entrer mardi dans sa 3e semaine et commence à peser sur l’économie locale.
Les discussions doivent également aborder la question d’un « moratoire » suggéré lundi par les collectivités territoriales, qui excluerait toute procédure judiciaire pendant quatre mois, le temps de permettre la finalisation d’un projet de reprise de la SNCM.
Le redressement judiciaire est en effet la solution préconisée par l’actionnaire majoritaire Transdev (66%): pour « bâtir un avenir stable et pérenne », la « solution passera nécessairement par une procédure judiciaire », a réaffirmé ce week-end le groupe de transports dans un communiqué.
L’Etat – actionnaire à 25% et à qui les syndicats demandaient de clarifier sa position – a lui aussi fini par afficher son soutien à cette option, par la voix du secrétaire d’Etat aux Transports Frédéric Cuvillier, puis de Manuel Valls qui a estimé que son ministre avait « eu raison de dire la vérité ».
– Ultimatum des organisations professionnelles corses –
Pour Gilles Bélier, la marge de manoeuvre pour réconcilier les parties semble étroite.
Il n’est pas certain que la proposition de moratoire suffise à mettre un terme au conflit. Il n’y aura pas de reprise « tant qu’il n’y aura pas de garantie qu’il n’y aura pas tribunal de commerce », affirmait lundi matin Yann Pantel, de la CGT-Marins. « C’est un minimum, et après, on veut bien parler de tout », a-t-il ajouté. « On ne va pas faire la saison tranquillement pour se faire manger à la rentrée ».
Pendant ce temps, sur le port de Marseille et en Corse, la situation était tendue.
Sur le continent, le Kallisté, bateau de la Méridionale, seule autre compagnie assurant la liaison Corse-Marseille, était toujours bloqué par des grévistes. La plupart des bateaux de croisière, qui assurent une manne financière à la ville, continuent à se dérouter vers d’autres ports.
Lundi, les représentants du monde économique marseillais – CCI, terminal de croisière, Union maritime et fluviale Marseille Fos, syndicat patronal – se sont alarmés des « conséquences graves et durables » de la grève, demandant « à l’Etat de rétablir la libre circulation des biens et des personnes ».
En Corse, un nouveau rassemblement de centaines de représentants du monde économique a eu lieu lundi matin devant la préfecture de Bastia.
Ils relèvent que, si le flux de passagers peut à peu près être absorbé par les compagnies concurrentes, il n’en est pas de même pour le fret. Les organisations socio-professionnelles ont ainsi posé un ultimatum aux pouvoirs publics, demandant le déblocage du Kallisté et la sécurisation d’un quai à Marseille pour permettre les rotations Marseille-Corse d’ici à mardi 18H00.
A l’issue de la médiation menée par M. Bélier, des AG devraient décider de la poursuite ou non du mouvement, mardi dans la journée ou mercredi matin.