Si les dirigeants devraient aborder d’autres sujets, dont la question des migrants et l’avenir de l’Union européenne, le point d’orgue de ce 34e sommet franco-italien devrait être la conclusion du feuilleton STX, après des semaines de tension entre les deux capitales.
En Italie, le quotidien La Stampa évoque mercredi un accord « compliqué » permettant à Paris de « sauver la face », « après avoir montré les muscles » ces dernières semaines.
51%: c’est autour de ce chiffre clef que Rome et Paris bataillent depuis juillet, le gouvernement français refusant de laisser s’échapper l’un des fleurons de l’industrie française, dont le constructeur italien Fincantieri veut racheter 51% du capital.
Selon La Stampa, on se dirigerait vers la solution suivante: les Italiens auraient 50% plus un droit de vote (leur permettant d’assurer la direction opérationnelle), tandis que les Français auraient un droit de veto sur diverses questions stratégiques, dont la question de l’emploi.
L’alliance capitalistique entre STX France et Fincantieri serait, selon la presse italienne, élargie à Naval Group (ex-DCNS).
En contrepartie des concessions françaises, le sommet de Lyon pourrait lancer un « Airbus des mers », civil et militaire, qui verrait notamment Fincantieri et Naval Group participer en commun à des appels d’offre à l’étranger et peut-être échanger des participations. Avec Naval Group, Fincantieri a déjà collaboré au programme Fremm, pour les frégates, et au programme Horizon.
Preuve d’une sortie de crise proche, l’Elysée s’est dit lundi « très raisonnablement optimiste sur le fait qu’il y aura un accord » sur ce dossier miné.
De son côté, le gouvernement italien s’est aussi montré confiant. Le ministre du Développement économique, Carlo Calenda, a estimé en début de semaine qu’existaient désormais « les conditions pour parvenir à un accord, qui devra tenir compte tant des préoccupations des Français sur l’exportation du savoir-faire que des nôtres concernant la nécessité d’avoir un contrôle effectif pour faire fonctionner le groupe ».
– Stratégique –
Le feuilleton a connu plusieurs rebondissements, sur fond de maintien sous contrôle français des derniers chantiers navals de France, considérés comme stratégiques, aussi bien en terme d’emplois que de défense.
Le site de Saint-Nazaire, qui construit des paquebots de croisières, mais aussi des navires militaires, emploie en effet 2.600 salariés et fait travailler environ 5.000 personnes, via des sous-traitants.
Tout commence en 2016, lorsque les chantiers navals STX France, alors seule unité rentable du groupe sud-coréen en difficulté STX Shipbuilding sont mis en vente à l’occasion d’un redressement judiciaire.
Fincantieri, constructeur contrôlé par l’Etat italien et seul candidat à la reprise, obtient le feu vert du gouvernement de François Hollande. Selon l’accord négocié, les Italiens (Fincantieri épaulé par une fondation bancaire de Trieste, où le groupe a son siège) détiendront 55% des parts de STX France contre 45% pour les Français. Le 19 mai, Fincantieri signe un accord pour la reprise des 66,6% détenus par STX Shipbuilding pour un montant de 79,5 millions d’euros.
Mais c’est sans compter sur les changements à la tête de l’exécutif. Fraîchement élu à l’Elysée, Emmanuel Macron demande de revoir la participation française à la hausse, visant une répartition à 50/50%. Une proposition rejetée par Rome, les Italiens insistant pour détenir au moins 51% du capital et le contrôle du conseil d’administration.
La crise éclate réellement avec la nationalisation « temporaire » fin juillet de STX France par Paris, une décision rarissime destinée à « négocier dans les meilleures conditions », après l’échec des discussions avec Fincantieri. Les deux pays s’étaient alors fixé l’échéance du 27 septembre pour sortir de la crise.
S’ils parviennent à trouver un accord lors de ce sommet, les gouvernements français et italien auront un autre dossier épineux à évoquer: l’avenir de la ligne de train à grande vitesse Lyon-Turin, financée par l’Union européenne, l’Italie et la France, sur laquelle Paris a indiqué en juillet vouloir faire une pause.
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