Après la décision par l’Australie de rompre ce mirifique contrat de plusieurs dizaines de milliards de dollars, « nous allons devoir nous interroger sur l’attitude récurrente de certains de nos alliés, qui se comportent plus comme des adversaires que comme des concurrents loyaux », a déclaré Christian Cambon, le président LR de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat.
« La décision brutale (…) est très préoccupante, et nous interroge sur la position de nos alliés australiens, américains et britanniques. Ce véritable coup de Trafalgar doit être pris très au sérieux », a souligné Françoise Dumas, présidente LREM de la commission de la Défense et des Forces armées de l’Assemblée nationale, dans une déclaration transmise à l’AFP.
Après l’achat par la Suisse d’avions américains F35 ou le retrait américain d’Afghanistan « sans concertation avec les alliés de l’Otan », ce nouvel événement « doit conduire à évaluer la nature exacte de la relation actuelle entre la France et son allié historique », a complété dans un communiqué la commission sénatoriale.
Les conditions de l’annonce, d’abord éventée par la presse, ont également considérablement déplu aux sénateurs qui fustigent « une attitude cavalière » de Canberra, en faisant mine de s’interroger sur l’avenir du partenariat entre la France « qui essuie un camouflet brutal » et l’Australie.
« Nous devrons tirer toutes les conséquences de cette décision concernant notre partenariat avec l’Australie et pour la région dans son ensemble », a souligné Mme Dumas.
Sur le volet géostratégique, le Sénat s’inquiète des « conséquences globales » du choix australien avec la vente à un pays non doté de l’arme nucléaire de sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire.
Cela « n’a pas de précédent »: « Les Etats-Unis et le Royaume-Uni changent les règles du jeu », observent les sénateurs français alors que les tensions avec la Chine s’accroissent dans cette partie du monde.
Députés et sénateurs s’inquiètent en outre des conséquences sociales et économiques pour Naval group, l’ex-titulaire du contrat, et pour la sous-traitance.
A l’Assemblée, une mission d’information sur les « enjeux de la défense en indo-Pacifique » doit rendre ses conclusions en novembre prochain.
« Il est temps de cesser de se bercer d’illusion, de refuser la caporalisation, de quitter l’Otan et d’expulser de France le Centre d’excellence Otan pour l’espace que les Etats-Unis veulent installer à Toulouse », a tonné le député et chef de file LFI, Jean-Luc Mélenchon.