En deux jours, le chef de l’Etat redessine sa vision de la souveraineté maritime française, à la fois sur les plans culturel et économique, dans un pays qui conserve le deuxième espace maritime au monde derrière les Etats-Unis.
Une première étape lundi l’a conduit au musée national de la Marine, qui vient de rouvrir ses portes à Paris après six ans de rénovation. « La mer, pour nous, devrait être une évidence », a-t-il déclaré, évoquant un lieu de « transit », « de puissance » et « de conflit », au coeur des « enjeux de climat et de biodiversité ».
La seconde étape l’amène mardi à Nantes, où il reviendra sur « les grandes thématiques de la protection de l’environnement, de la compétitivité, la souveraineté en matière logistique, énergétique », selon l’Elysée.
Ces assises de l’économie de la mer, organisées par les quotidiens Ouest-France et Le Marin, réunissent pêcheurs, constructeurs navals, armateurs, élus locaux et associations à proximité du premier parc français d’éoliennes en mer au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
– Objectif 40 gigawatts –
Le chef de l’Etat, qui doit s’exprimer vers 12H00, va lancer officiellement le débat public – ouvert le 20 novembre et jusqu’au 26 avril – destiné à identifier les sites sur lesquels seront installés une cinquantaine de parcs similaires d’ici 2050.
L’objectif est d’établir des zones précises des lieux d’implantation aussi bien en Méditerranée qu’en Atlantique, Manche et mer du Nord.
A l’issue du débat public, le gouvernement prévoit le lancement d’un appel d’offres pour l’installation de parcs éoliens en mer « pouvant atteindre au total jusqu’à 10 gigawatts », avait indiqué en septembre la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.
La France compte à ce stade 8 GW de parcs offshore installés ou dans les tuyaux. L’objectif est d’atteindre 40 à 45 GW en 2050, ce qui fera de l’éolien en mer la deuxième source de production d’électricité après le nucléaire.
Emmanuel Macron fera également des annonces en faveur des pêcheurs, dans un contexte de flambée des prix du carburant, et dressera des « perspectives pour cette filière », a précisé l’Elysée.
Les pêcheurs français bénéficient actuellement d’une aide de 20 centimes par litre de carburant, jusqu’au 31 décembre.
A la tête d’une flotte vieillissante qui a perdu plus d’un quart de ses navires en 20 ans, les professionnels réclament le maintien d’une aide d’urgence pour le carburant – le cadre européen actuel permet d’aller jusqu’au 30 juin 2024 avec un plafond de 335.000 euros par entreprise -, mais attendent aussi des initiatives pour assurer l’avenir de la filière.
– Reconquête alimentaire –
En septembre à Nice, le secrétaire d’Etat Hervé Berville avait annoncé un « plan de transition énergétique de la flotte », avec notamment le « verdissement du carburant maritime » et « l’adaptation des infrastructures portuaires », sans calendrier précis.
Il avait toutefois indiqué que 450 millions d’euros issus d’une taxe sur l’éolien seraient consacrés à cette transition, sur une dizaine d’années, évoquant « des investissements pour les moteurs, les coques ou encore les engins de pêche ».
Au-delà du coût financier de la transition et de celui du carburant depuis la guerre en Ukraine, les pêcheurs sont aussi victimes de l’appétit des Français pour le saumon ou la crevette importés, préférés au lieu noir, baudroie, sole ou merlu locaux.
Le chef de l’Etat veut « partir à la reconquête de notre souveraineté alimentaire dans ce secteur », a indiqué un conseiller présidentiel, alors que 80% des produits de la mer consommés en France sont aujourd’hui importés selon le gouvernement.
Le président va revenir également sur les moyens « d’accompagner » le transport maritime, y compris les ports, vers la sortie des énergies fossiles à l’horizon 2050.
Emmanuel Macron interviendra aussi sur la protection de la mer lors de la COP28 vendredi et samedi à Dubaï, dans la perspective de la conférence des Nations unies sur l’Océan prévue en 2025 à Nice.