Au total, 295 actes de piraterie et de brigandage ont été dénombrés en 2023, contre 300 en 2022, au plus bas depuis le début des statistiques en 2008, selon le bilan annuel du Maritime Information Cooperation & Awareness (MICA) Center, hébergé à Brest.
« Globalement, on est plutôt sur des tendances générales stables » malgré « de nombreux foyers d’insécurité dans l’Océan indien », a souligné le capitaine de frégate Éric Jaslin, commandant du MICA Center, auprès de l’AFP.
La fin de l’année 2023 a été marquée par une vague d’attaques menées par les rebelles Houthis du Yémen contre des navires marchands autour du détroit de Bab-el-Mandeb, qui relie la mer Rouge à l’océan Indien. Environ 12% du commerce mondial transite par ce détroit.
« La menace est violente avec des missiles, des drones chargés d’explosif. Il y a une vraie inquiétude autour de ce détroit », souligne le Commandant Jaslin.
L’an dernier, 47 attaques de ce type ont été comptabilisées, essentiellement autour du détroit de Bab-el-Mandeb, mais aussi près du détroit d’Ormuz (à l’embouchure du golfe Persique) et au large des côtes indiennes.
Une recommandation a été passée aux navires marchands d’arrêter leur signal AIS (Automatic identification system), qui permet leur localisation en temps réel, à l’approche du détroit de Bab-el-Mandeb. Ou, à défaut, d’émettre le minimum d’informations possible.
« Ce n’est pas un gage de survie mais ça complique le travail de l’ennemi », pointe le commandant Jaslin.
Des cas de piraterie ont également été répertoriés au large de la Somalie, pour la première fois depuis 2017. « Est-ce une piraterie d’opportunité car tous les moyens (militaires, ndlr) sont focalisés sur la mer Rouge? Ou est-ce un phénomène qui redémarre? C’est trop tôt pour le dire », affirme M. Jaslin.
Dans les eaux du Golfe de Guinée, jusqu’à récemment considérées comme parmi les plus dangereuses au monde pour la piraterie, seuls sept navires ont été piratés en 2023 contre 26 en 2019.
Le nombre de kidnapping est cependant reparti à la hausse, avec 18 personnes kidnappées en 2023 contre deux en 2022, sans retrouver les sommets de 2019 (146 personnes kidnappées).
Dans cette zone, « on est loin d’être dans une situation complètement sereine », met en garde M. Jaslin. « Il y a toujours un potentiel pour que ça redémarre. »
Créé en 2016, le MICA Center veille 24h/24 sur le trafic maritime mondial. Il a noué des partenariats avec 65 compagnies maritimes.