Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, « dans les prochaines semaines, aura à négocier » un « nouvel actionnariat », a ajouté M. Macron plus d’un an après sa première visite aux chantiers lorsqu’il était lui-même à Bercy, assurant avoir « entendu les préoccupations des salariés, des sous-traitants et des élus ».
Le groupe italien Fincantieri a signé le 19 mai un accord pour le rachat de 66,66% des chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) à son actionnaire actuel, STX Europe AS, pour 79,5 millions d’euros.
Selon un accord négocié par l’ancien gouvernement, le constructeur italien devait reprendre d’abord 48% du capital des chantiers de Saint-Nazaire et rester minoritaire pendant au moins huit ans, épaulé par l’investisseur italien Fondazione CR (Cassa di Risparmio) Trieste à hauteur d’environ 7%.
Côté français, l’Etat conserverait un tiers du capital et un droit de veto, tandis que le constructeur militaire public français DCNS entrerait à hauteur de 12%.
Ce schéma inquiétait les syndicats et les élus locaux, pour qui Fincantieri serait de facto majoritaire en raison de ses liens avec l’autre actionnaire italien et risquait de vouloir privilégier ses propres chantiers italiens.
Selon le journal Le Monde, l’Elysée voudrait écarter la fondation italienne et faire entrer à sa place deux nouveaux actionnaires, MSC et RCCL, les deux compagnies de croisières clientes de Saint-Nazaire qui auraient ensemble environ 10% du capital. De quoi priver Fincantieri d’une majorité de contrôle.
M. Macron a précisé qu’il souhaitait qu’une « nouvelle structure actionnariale permette de consolider le plan de charge industriel et garantir la pérennité des emplois, car en aucun cas en raison de l’actionnariat ne doit être privilégié un site contre un autre ».
Il a aussi souhaité que ce nouvel équilibre « puisse garantir que le savoir-faire soit préservé » à Saint-Nazaire, mais aussi que « l’indépendance et la souveraineté stratégique de notre pays soient par ce nouvel actionnariat garanties ».
L’Etat pouvait préempter l’accord jusqu’à 60 jours après sa signature.
Fincantieri était le seul candidat à avoir déposé une offre pour reprendre STX France, filiale florissante du groupe sud-coréen en difficulté STX Offshore and Shipbuilding.
Les chantiers de Saint-Nazaire, qui comptent 2.600 employés et font travailler environ 5.000 employés d’entreprises sous-traitantes, apportent un carnet de commandes de 12 milliards d’euros, avec des commandes jusqu’en 2026.
Le président du croisiériste MSC Croisières (groupe MSC Cruises) a confirmé mercredi à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) avoir signé une lettre d’intention pour la commande au chantier naval STX de quatre paquebots pour un montant total de 4,5 milliards d’euros.
Pierfrancesco Vago a confirmé cette commande, annoncée l’an dernier, à l’occasion de l’inauguration du paquebot MSC Meraviglia par le président Macron.
« Devant cette cathédrale sur l’eau, je suis fier comme beaucoup de Français de ce que vous avait fait. Fier de cette capacité, du fait que nous sommes une force industrielle qui innove et qui continuera à produire et à faire », a déclaré le chef de l’Etat. « On a dit que j’avais sauvé STX (au ministère de l’Economie), c’est faux: vous avez sauvé STX France », avec un accord d’entreprise « difficile ».
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