« On ne cherche pas à empêcher les gens de venir, on cherche à leur garantir une meilleure expérience », insiste auprès de l’AFP le maire de Bréhat, Olivier Carré, soucieux d’éviter un « buzz négatif », comme en 2023 selon lui.
Cette régulation, mise en place via des arrêtés de police municipale, s’applique du lundi au vendredi, du 22 juillet au 23 août, pour les touristes arrivant sur l’île entre 8h30 et 14h30.
« Il n’y a pas de régulation le samedi et le dimanche, des journées traditionnellement peu chargées sur Bréhat », souligne le maire de ce confetti de granit rose de 3 km2 pour quelque 420 résidents permanents, qui voit chaque année défiler plus de 400.000 visiteurs.
Comme l’an dernier, la limite à ne pas dépasser sur le créneau régulé est fixée à 4.700 visiteurs par jour (hors habitants à l’année, résidences secondaires et travailleurs), à charge pour les compagnies maritimes desservant l’île de l’appliquer sous peine d’amende, explique Olivier Carré.
« Avant la régulation, les gens venaient à l’embarquement, qu’il y en ait 2.000 ou 6.000, et on les faisait traverser (…) Maintenant, quand elles voient des très fortes journées qui se profilent, les compagnies préviennent les clients et les incitent à venir avant ou après », résume-t-il.
Selon lui, les compagnies maritimes ont d’elles-mêmes appliqué ce système cette année lors du long pont du 8 mai et de l’Ascension, sans arrêté municipal de régulation, « et ça a très bien fonctionné ».
– Seuil fatidique –
Ce dispositif de régulation a été inspiré par une mesure similaire mise en place dès l’été 2021 sur l’île varoise de Porquerolles, où elle est reconduite tous les ans depuis lors.
« Dans les études préalables à Bréhat, on avait observé que les jours de pics, quand on dépassait les 5.500 personnes, les gens qui repartaient le soir exprimaient un taux d’insatisfaction qui montait à 30% », rappelle Olivier Carré.
« Il y a un seuil à partir duquel plus rien ne va parce que les touristes galèrent pour arriver jusqu’à l’embarcadère, pour avoir un bateau, puis une fois arrivés ne trouvent pas d’endroit pour se restaurer, louent des vélos mais ne peuvent pas les utiliser parce qu’il y a trop de monde sur les chemins… », énumère-t-il.
La régulation permet tout simplement de « mieux contrôler » la fréquentation en l’étalant dans le temps et la saison. En 2023, six journées au-delà du seuil de 5.500 visiteurs ont ainsi pu être évitées par cette mesure de régulation.
A l’époque, elle avait suscité de vives inquiétudes chez les commerçants de Bréhat, voire l’hostilité de certains.
Mais selon M. Carré, « l’impact économique a été extrêmement faible parce qu’ils ont fait aussi une bonne avant-saison et une bonne fin de saison » et les commerçants sont aujourd’hui rassurés.
L’hôtel-restaurant Bellevue affiche complet et sa nouvelle propriétaire, Louise Guy-Favier, dit s’inquiéter bien davantage de la mauvaise météo du début de saison que des « quotas », qu’elle juge « déjà élevés ».
Lorsque l’AFP l’avait rencontré l’été dernier, Stéphane Carré, qui tient un restaurant et une boulangerie ouverte à l’année, jugeait la mesure précipitée et dangereuse pour ses recettes.
Interrogé vendredi, il n’était toujours pas convaincu du bien-fondé de la régulation mais n’a pas évoqué de pertes financières notables.
« Ca n’a pas changé grand-chose. C’est difficile de dire s’il y a eu une différence, ce sont des évaluations qu’il faut faire sur deux ou trois ans », estime-t-il.
C’est précisément l’objectif de cette saison 2 de la régulation touristique, dit le maire. « On recommence avec les mêmes critères pour avoir une base de référence, et on verra ce qu’on fait pour l’année prochaine ».