Taïwan vit sous la menace constante d’une invasion par la Chine, qui considère cette île ayant son propre gouvernement comme une partie de son territoire qu’elle veut récupérer, par la force si nécessaire.
Le dernier trimestre 2021 a connu un pic de ces incursions, le mois d’octobre restant le plus actif avec 196, dont 149 en quatre jours seulement, au moment où la Chine célébrait sa fête nationale. Le seul 4 octobre, 56 avions chinois étaient entrés dans la zone d’identification de défense aérienne (Adiz) de Taïwan.
Le ministère taïwanais de la Défense a déclaré dans un communiqué dimanche soir qu’il avait fait décoller ses avions pour suivre les 39 appareils chinois qui avaient pénétré dans l’Adiz, la deuxième plus grande incursion, à égalité avec celle du 2 octobre dernier, et activé ses systèmes de missiles antiaériens. Parmi les avions chinois figuraient 24 chasseurs J-16 (ceux que Pékin utilise le plus pour tester la défense antiaérienne de Taïwan, selon les experts), 10 chasseurs J-10 et un bombardier H-6 à capacité nucléaire.
Les raisons d’une incursion aussi importante restaient pour le moment inexpliquées.
Treize avions chinois ont également pénétré dans l’Adiz lundi. Parmi eux figuraient huit chasseurs J-16 et deux avions J-16D, un modèle présenté l’an dernier à un meeting aérien qui est capable de neutraliser divers systèmes de radar et de communications, selon des sites internet spécialisés.
Cette hausse du nombre des incursions intervient juste après des manoeuvres navales entre les Etats-Unis et le Japon dans la mer des Philippines, qui inclut des eaux situées à l’est de Taïwan.
Dix navires américains, dont les porte-avions USS Carl Vinson et USS Abraham Lincoln, ont participé à des exercices avec le Japon du 17 au 22 janvier ayant visé à mettre en place « une dissuasion et une réponse efficaces », a tweeté lundi la marine japonaise.
Le ministère taïwanais de la Défense a commencé à rendre publiques ces incursions d’avions de guerre chinois dans l’Adiz en septembre 2020 et l’AFP a constitué une base de données rassemblant les détails de ces vols, dont la taille et et la fréquence ont augmenté.
La zone de défense ne correspond pas à l’espace aérien de Taïwan, mais englobe une zone beaucoup plus vaste qui recoupe une partie de la zone d’identification de défense aérienne de la Chine.
Taïwan a enregistré 969 incursions d’avions de guerre chinois dans sa zone de défense aérienne en 2021, selon la base de données compilées par l’AFP, plus du double des quelque 380 effectuées en 2020.
Pékin a augmenté sa pression sur Taipei depuis l’élection en 2016 à la présidence de Taïwan de Tsai Ing-wen, qui juge que cette île est une nation souveraine et ne fait pas partie de la Chine.
L’aviation taïwanaise a subi une série d’accidents mortels ces dernières années, sa flotte vieillissante étant maintenue sous pression par la Chine.
L’armée de l’air a provisoirement cloué au sol sa flotte de chasseurs américains F-16 au début du mois après que l’un de ses F-16V, ses avions de combat les plus avancés, s’est écrasé en mer au cours d’une mission d’entraînement, provoquant la mort d’un pilote.