Le terminal multimodal, livré en juin 2015 par le maître d’ouvrage LH2T (Le Havre Trimodal Terminal), vise à faciliter l’acheminement fluvial et ferroviaire des conteneurs vers et depuis Port 2000, la plate-forme du port du Havre dédiée à l’accueil de porte-conteneurs géants. Mais la structure avait été placée en redressement judiciaire quelques mois seulement après sa mise en service, à la suite de difficultés financières et techniques.
Dans un référé rendu public mardi, la Cour estime que le bilan financier de l’opération, entièrement financée par l’argent public, s’avère « fortement déséquilibré entre acteurs publics et privés ».
« Le terminal a été entièrement financé par des fonds publics et le coût final de l’équipement (147,8 millions d’euros) a crû de 10,9 millions d’euros par rapport aux prévisions de 2012 », souligne le référé, adressé le 26 juillet aux ministères concernés.
Ainsi, le grand port maritime du Havre (GPMH) a-t-il « consenti au fil de l’eau 9,3 millions d’euros de dépenses non prévues initialement; il a accru son endettement de 21,6 millions d’euros; et il a pris près de 17 millions d’euros d’engagements financiers », souligne la Cour.
A l’inverse, les acteurs privés n’ont de leur côté subi « que de très légères pertes, liées à la perte du capital social de LH2T (la société exploitante, NDLR) à sa liquidation ».
« Si le terminal, après l’échec d’un premier démarrage en juin 2015, fonctionne désormais, il n’a pas encore trouvé son équilibre économique », stipulent de surcroît les enquêteurs. Au total, l’opération ne sera équilibrée pour les finances du port qu’en 2046 avec un taux de rentabilité interne de 0,9 % si l’exploitant du terminal règle le loyer prévu.
La Cour juge que la réalisation du terminal a été lancée « à la hâte sans analyse préalable et dans des conditions protégeant mal les intérêts publics ».
Elle reproche ainsi au port du Havre d’avoir lancé un appel à projets « sans analyse préalable de la meilleure option envisageable pour assurer la desserte de Port 2000 ».
Sans équivalent en France, le terminal s’étend sur une centaine d’hectares au pied du Pont de Normandie. Doté d’une cour ferroviaire de huit voies, d’un quai de 400 mètres de long et d’une zone de stockage de 2.600 conteneurs, il a été conçu pour accueillir 500.000 conteneurs par an, soit 25% du trafic total au Havre.