« La cour les a reconnus non coupables des accusations de diffamation et de violation de la loi sur les crimes informatiques », a déclaré à l’AFP Siriwan Vongkietpaisan, leur avocate, à la sortie du tribunal de Phuket (sud).
L’Australien Alan Morison et sa collègue thaïlandaise Chutima Sidasathian, du journal en ligne Phuketwan, risquaient deux ans de prison.
Les poursuites contre eux étaient liées à un article publié en juillet 2013, qui citait une enquête de l’agence Reuters mettant en cause des militaires thaïlandais dans un trafic de réfugiés de la minorité apatride musulmane des Rohingyas, qui fuient les persécutions en Birmanie.
« Le tribunal les a acquittés car leur article était basé sur les informations de Reuters » et « Reuters avait déjà publié l’article sur son site internet », a ajouté Siriwan.
« Je suis heureuse que la cour ait clairement déclaré que les informations que nous avons publiées étaient utiles pour la société et que cela n’était pas de la diffamation ni des informations mensongères », a déclaré à l’AFP Chutima.
Ce procès s’est tenu alors même que la junte militaire qui a pris le pouvoir par un coup d’Etat en mai 2014 assure vouloir mettre fin à l’impunité des trafiquants.
La révélation de camps de transit dans la jungle du sud a désorganisé les filières et conduit à une crise en mai 2015, avec des milliers de migrants abandonnées en mer par leurs passeurs.
Quelques semaines plus tard, la Thaïlande a annoncé avoir inculpé 72 personnes, dont un général, pour trafic d’êtres humains.
« Nous sommes heureux de la décision de la Cour… Reuters soutient sans réserve les principes d’une presse libre et l’importance pour les journalistes à travers le monde de pouvoir publier des nouvelles indépendantes et fiables, » a indiqué dans un communiqué David Crundwell, porte-parole de Reuters.
Dans le rapport des Etats-Unis consacré à la traite d’êtres humains, publié en juillet, la Thaïlande est classée, pour la deuxième année consécutive, dans la pire catégorie (au rang 3), aux côtés de l’Iran, du Venezuela, de l’Algérie, de la Syrie, du Yémen, de la Corée du Nord ou encore du Zimbabwe.
Ces pays sont accusés de ne pas respecter les normes internationales et de ne pas faire d' »efforts importants » en matière de lutte contre la traite d’êtres humains.
Phuketwan, petit journal en ligne de qualité, s’est spécialisé dans le suivi des affaires de trafic d’êtres humains dans le sud de la Thaïlande, région frontalière de la Malaisie dénoncée comme une zone d’impunité des passeurs par les ONG. La marine a 30 jours pour faire appel.