L’ambiance promet d’être animée au Parlement de Westminster à l’occasion de la traditionnelle séance hebdomadaire de questions à la Première ministre, exercice lors de laquelle la dirigeante conservatrice fera face à des députés très sceptiques sur ce « traité de retrait » approuvé par les dirigeants des pays européens après 17 mois de négociations.
Parvenir à convaincre les parlementaires britanniques est un enjeu crucial pour Theresa May, alors que le texte est menacé d’être retoqué lors du vote qui aura lieu le 11 décembre.
Mme May ne dispose en effet que d’une courte majorité d’une dizaine de voix à la chambre des Communes. Or, son allié nord-irlandais, le parti unioniste DUP, s’oppose à l’accord, comme quelque 80 députés conservateurs favorables à un Brexit dur, les travaillistes, les europhiles du parti libéral-démocrate et les députés écossais indépendantistes.
Histoire d’amadouer la région septentrionale du Royaume-Uni, Theresa May doit se rendre mercredi près de Glasgow, la plus grande ville d’Ecosse, nouvelle étape de sa tournée destinée à convaincre les Britanniques, qui l’a déjà emmenée mardi au Pays de Galles et en Irlande du Nord.
« C’est un accord qui est bon pour les employeurs écossais et qui protégera les emplois », doit déclarer la Première ministre, selon des extraits de son discours communiqués à l’avance par ses services.
– Un accord « inacceptable » –
Theresa May tentera tout particulièrement de rassurer sur la question de la pêche, sujet hautement sensible en Ecosse, le secteur occupant une place stratégique dans l’économie régionale.
« J’ai toujours défendu avec fermeté les intérêts des pêcheurs écossais et je le ferai toujours », dira-t-elle, en se vantant d’avoir tenu tête à l’UE dans les négociations sur le sujet: « Tout au long du processus de négociation, l’UE a maintenu qu’elle souhaitait lier l’accès (des Britanniques) au marché (européen) à l’accès (des Européens aux zones de pêche britanniques). Elle n’y est parvenue ni dans l’accord de retrait, ni dans la déclaration politique (sur la future relation avec l’UE) ».
L’accord entériné dimanche prévoit que les pêcheurs européens garderont leur accès aux eaux territoriales britanniques et que les Britanniques resteront soumis aux quotas de pêche européens pendant la période de transition qui suivra le Brexit. Mais il précise qu’il faudra conclure un accord au plus tard d’ici à la mi-2020 pour régler cette question.
Avant même la visite de Theresa May, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, cheffe du parti indépendantiste SNP (gauche), a fustigé mardi l’accord, s’appuyant sur une étude publiée par son gouvernement selon laquelle une sortie de l’UE dans ces conditions rendront les Ecossais « plus pauvres ».
Cette « analyse montre en quoi l’accord conclu par la Première ministre est inacceptable pour le gouvernement écossais et préjudiciable au peuple écossais », a insisté Mme Sturgeon.
Un accord « inacceptable »: la formule avait également été utilisée mardi par la leader du DUP, Alerne Foster, à l’issue d’une rencontre à Belfast avec Theresa May, signe des difficultés rencontrées par la dirigeante britannique dans son entreprise de persuasion.
Rejetant le statut spécial accordé à l’Irlande du Nord dans l’accord afin d’éviter le retour à une frontière physique sur l’île d’Irlande, Mme Foster a appelé la Première ministre à travailler à une autre « voie ».
Peut-être Theresa May pourra-t-elle trouver un peu de soutien dans la publication du diagnostic de la Banque d’Angleterre sur la résistance du système financier après la sortie de l’UE, dont les conclusions devraient une fois de plus décrire le scénario catastrophique d’un Brexit sans accord.