Le tribunal rendra sa décision le 19 janvier.
Dans ce dossier aux ramifications complexes, sur lequel l’enquête avait débuté en 2017, un docker mis en examen pendant l’enquête avait été enlevé et retrouvé mort en 2020. L’affaire est toujours à l’instruction.
Les têtes pensantes du trafic seront jugées par une cour d’assises spéciale a priori en 2022.
Évoquant « un déferlement de cocaïne, un tsunami blanc » en Europe, notamment via le port de Dunkerque, le procureur Antoine Berthelot a estimé mercredi que ceux qui se jetaient « dans cet océan » étaient « des irresponsables, des inconséquents, des insensés ».
Il a requis la peine la plus lourde, sept ans avec mandat de dépôt, contre un docker, David B., en raison de « son importance fonctionnelle » dans le trafic.
La même peine a été proposée pour Abdoulaye K., un habitant du quartier populaire jouxtant le port, qui ne travaillait pas comme docker mais connaissait les organisateurs présumés du trafic.
Parmi les dockers jugés, quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt ont été requis contre Steve D., trois ans ferme avec mandat de dépôt contre Pierre L., et cinq ans avec sursis contre Allan R., délégué syndical et proche du docker enlevé en 2020.
Pour les autres prévenus, les peines proposées vont d’un an de prison avec sursis à quatre ans ferme pour un complice présumé au casier déjà lourd avant les faits et de nouveau condamné ensuite.
Le trafic de cocaïne et de cannabis entre l’Amérique latine, les Antilles et la métropole, a généré un chiffre d’affaires de 4,5 millions d’euros.
L’argent tiré de la cocaïne, cachée dans des conteneurs transportant des marchandises licites puis sortie du port grâce à des « complicités au plus niveau », selon la présidente de la formation correctionnelle de la JIRS de Lille, Audrey Bailleul, était en partie réinvesti dans du cannabis, puis envoyé aux Antilles, avec une « rentabilité exponentielle ».
Plus de 1,3 tonne de cocaïne et 445 kg de résine de cannabis ont été saisis.
Selon l’enquête, les intermédiaires pouvaient être rémunérés « jusqu’à 75.000 euros pour seulement +autoriser+ des sorties » de stupéfiants.
Les organisateurs touchaient entre 2.500 et 4.000 euros par kilo de cocaïne sorti du port, une somme qui leur permettait de rémunérer les complices.