Le Honfleur sera « le premier navire français de transport de passagers propulsé au GNL », s’est félicité le président de la compagnie bretonne Jean-Marc Roué juste avant la mise à flot du navire au chantier FSG (Flensburger Schiffbau-Gesellschaft), dans le nord de l’Allemagne.
Il sera aussi « l’un des plus respectueux de l’environnement opérant sur la Manche », selon l’armateur, qui souhaite que d’ici 2025 la moitié de sa flotte – qui se composera de douze navires une fois le Honfleur mis en service – soit propulsée au GNL. Ce plan de renouvellement dispose d’une enveloppe de 450 millions d’euros, dont 180 pour la construction du Honfleur.
Le ferry, une simple coque encore, a glissé en à peine quelques minutes le long de la cale du chantier allemand avant de se retrouver dans les eaux du fjord de Flensbourg. La coque recevra au cours des prochains jours de Gdansk, en Pologne, sa superstructure, à savoir deux méga-blocs hauts comme un immeuble de cinq étages.
Le Honfleur, dont la construction a débuté en mars, entrera en service en juillet sur la ligne Caen-Ouistreham/Portsmouth, dans le sud de l’Angleterre, la plus fréquentée de la compagnie, avec 922.000 passagers et 280.000 voitures transportés chaque année.
Pour le secteur du transport maritime, le GNL est un carburant d’avenir. En termes d’émissions atmosphériques, il promet une réduction quasi-totale des émissions de soufre et d’oxydes d’azote (NOx). Il permet également de réduire de 20 à 25% les émissions de dioxyde de carbone (CO2).
L’Organisation maritime internationale (OMI) a décidé que le plafond de la teneur en soufre dans le carburant marin devait être ramené à 0,5% à partir du 1er janvier 2020, contre 3,5% actuellement.
Le GNL est actuellement le carburant « le plus efficace d’un point de vue environnemental », a assuré à l’AFP Camille Valero, de l’Institut supérieur d’économie maritime (Isemar).
– GNL et filtres à fumées –
Cependant, pour la Brittany Ferries, la difficulté majeure avec le GNL « c’est l’approvisionnement et non la construction du navire ». En effet, il n’existe ni à Ouistreham, ni à Portsmouth d’infrastructure de stockage du GNL. Un système « unique au monde » a ainsi été imaginé en partenariat avec Total, consistant à acheminer le gaz naturel directement à bord du navire par camion. Un portique embarqué permet ensuite de hisser les conteneurs de GNL à bord afin d’alimenter le réservoir du navire.
Avec ses 187 mètres de long, le Honfleur pourra transporter près de 1.680 passagers et sera doté de 261 cabines, de deux cinémas, de restaurants et de boutiques. Il pourra embarquer 130 remorques de fret ou 550 voitures et 64 remorques de fret.
Ses quatre moteurs au GNL, associés à une propulsion électrique, permettront une réduction des nuisances sonores et de vibrations pour un meilleur confort à bord.
La compagnie bretonne a lancé dès 2014 un vaste plan de transition écologique afin de satisfaire à la réglementation internationale, qui ne cesse de se durcir. Outre la commande du Honfleur, elle est passée au gasoil, en remplacement du fioul lourd, sur une partie de sa flotte et a installé des filtres à fumée (scrubbers) sur six de ses navires pour quelque 80 millions d’euros.
Elle compte en outre affréter prochainement deux autres navires, l’un propulsé au GNL et l’autre au fioul lourd mais équipé de filtres à fumée.
« Avec le Brexit on a un peu l’arme au pied, on attend de voir ce à quoi on va être confrontés », a cependant indiqué à l’AFP Jean-Marc Roué, également président d’Armateurs de France.
La compagnie basée à Roscoff, dans le Finistère, emploie entre 2.400 et 3.200 personnes, selon la saison. Le premier employeur de marins français transporte chaque année 2,7 millions de passagers, 900.000 voitures et 205.000 camions entre la France, le Royaume-Uni, l’Irlande et l’Espagne.
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