Rappelant la perte d’exploitation de 12,5 millions d’euros enregistrée par le quotidien en 2022, pour 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, perte qui devrait seulement être ramenée à 9 millions d’euros en 2023, le directeur général de La Provence, Gabriel d’Harcourt, a expliqué à l’AFP la nécessité pour l’entreprise à la fois « d’activer de nouvelles recettes et de travailler sur les coûts, et notamment les coûts en lien avec la masse salariale ».
Ainsi, seuls 34 des 60 journalistes en CDD embauchés pour remplacer les titulaires ayant fait jouer la clause de cession, après la reprise de La Provence par CMA CGM, le géant du transport maritime, seront conservés, a précisé Gabriel d’Harcourt, en soulignant que les effectifs de la rédaction n’avaient pas bougé depuis 2018, alors que dans le même temps le journal a perdu plus de 25.000 exemplaires vendus en moyenne jour (de 92.000 à 65.000).
Au total, 64 journalistes de La Provence ont demandé à bénéficier de cette clause –un dispositif permettant de quitter un média avec des indemnités lors d’un changement de propriétaire– après la reprise officielle fin septembre 2022 du journal, jusqu’alors détenu par le groupe Bernard Tapie (en liquidation judiciaire), par le numéro trois mondial du transport maritime, basé à Marseille.
« 30 postes supprimés à la rédaction, c’est non », a réagi dans l’après-midi la section SNJ (Syndicat national des journalistes) du quotidien régional via un communiqué: « C’est une saignée sans précédent dans l’histoire de La Provence », a estimé le syndicat, selon qui « la rédaction paie le prix fort d’un plan social qui ne dit pas son nom ».
Ces 30 suppressions de postes au sein de la rédaction vont de fait représenter la moitié des réductions d’effectifs demandées par le nouvel actionnaire, soit 61 emplois au total qui doivent être supprimés sur les 610 que compte le journal, toutes professions confondues.
« Par conséquent, le plan du directeur de la rédaction (NDLR: Aurélien Viers, ex-rédacteur en chef au service vidéo du journal Le Parisien) pour lequel la rédaction s’était massivement prononcée et mobilisée en mai est caduc », a averti le SNJ, mettant en parallèle la rupture par l’actionnaire de sa « promesse de remplacer tous les départs en clause ».