Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti doit inaugurer vendredi le centre de détention de Koné, ouvert l’an dernier sur la côte ouest de la Grande Terre.
Le garde des Sceaux devrait également annoncer la construction d’un nouvel établissement pénitentiaire dans l’agglomération de Nouméa où l’actuelle prison, « Camp-Est », est décriée pour sa surpopulation et ses conditions de détention.
Le projet représente un investissement « considérable de 500 millions d’euros », a affirmé vendredi sur les ondes de Radio Rythme Bleu le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc.
Ces grands travaux pourraient apporter une bouffée d’oxygène à une économie sinistrée en raison des grandes difficultés de la filière nickel.
Le dossier devrait occuper une bonne partie de l’agenda du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et de la ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux.
La semaine dernière, le géant suisse des matières premières Glencore a annoncé la mise en sommeil pour six mois de l’usine métallurgique Koniambo Nickel SAS (KNS), dont il est l’actionnaire principal, le temps de tenter de trouver un repreneur pour ce site industriel de la province Nord.
Si les quelque 1.300 salariés vont continuer à être payés pendant cette période, environ 2.000 emplois indirects et induits sont menacés.
Dans le Sud, l’avenir de Prony Resources, autre usine de production de nickel à la recherche d’un repreneur, semble assuré jusqu’en 2026 grâce à un prêt de l’État de 140 millions d’euros, mais le plan de réduction des coûts en cours prévoit une restructuration de la sous-traitance et de ses 2.000 emplois.
Ce sauvetage est en outre conditionné à la signature d’un « pacte nickel » censé pérenniser l’avenir de la filière. L’État aimerait voir cet accord politique aboutir d’ici à la fin du mois de février, malgré les visions divergentes des indépendantistes et des « loyalistes » sur la question des exportations de minerai brut.
– « Etat impartial » –
La triple visite ministérielle pourrait aussi revêtir une dimension politique, même si Gérald Darmanin a indiqué fin janvier que son sixième déplacement en Nouvelle-Calédonie en 18 mois n’aurait « pas comme but principal de parler institutions ».
« Je laisse les partis politiques et les élus décider entre eux et lorsqu’ils se seront mis d’accord, l’État neutre, l’État impartial aura l’occasion d’en discuter avec eux », a-t-il assuré dans une vidéo publiée sur le réseau social X.
Depuis novembre, plusieurs initiatives locales ont permis la reprise d’un dialogue direct entre les deux camps. Celui-ci était au point mort depuis le référendum d’autodétermination de décembre 2021, boycotté par les indépendantistes qui en contestent le résultat, favorable au maintien dans la République.
Le congrès du Front de libération kanak socialiste (FLNKS), attendu fin février, devrait arrêter les orientations indépendantistes pour la suite des discussions.
Gérald Darmanin pourrait toutefois être interpellé durant son séjour par l’Union calédonienne (UC), principale composante du FLNKS, sur ses propos sur l’ouverture du corps électoral pour les élections provinciales, scrutin majeur dans un territoire où les provinces disposent de larges compétences.
Un projet de loi constitutionnelle visant à élargir ce corps électoral, actuellement ouvert aux seuls natifs et résidents arrivés avant 1998, a été présenté par le gouvernement fin décembre et sera examiné fin mars par l’Assemblée nationale.
Auditionné par la commission des lois du Sénat mardi dernier, le ministre de l’Intérieur a assuré que le principe d’une durée de résidence fixée à 10 ans avait été acté par l’ensemble des partis.
Ce que l’UC a vivement contesté. « A aucun moment nous n’avons donné un quelconque aval », a corrigé le parti indépendantiste, appréciant peu que « le gouvernement français interfère dans le dossier calédonien alors que les Calédoniens discutent pour trouver une solution pour l’avenir du pays ».
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