« Le devoir d’amiraux retraités n’est pas de publier des déclarations qui sous-entendent un coup d’Etat politique. Aucun fonctionnaire à la retraite n’a le droit d’emprunter un tel chemin », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours à Ankara.
« Cela n’a rien à voir avec la liberté d’expression. Dans un pays dont l’histoire est émaillée de coups, cela est inacceptable », a ajouté M. Erdogan.
Il parlait à l’issue d’une réunion à la présidence avec de hauts dirigeants turcs consacrée à une lettre ouverte publiée ce weekend par 104 anciens amiraux, alertant contre la menace que pourrait représenter, selon eux, le projet de « Canal Istanbul », porté par M. Erdogan, pour un traité qui garantit le libre passage par le détroit du Bosphore.
M. Erdogan a qualifié cette lettre de « malveillante », affirmant qu’en Turquie « les coups d’Etat ont toujours eu lieu après de telles déclarations ».
Le gouvernement argue que Canal Istanbul permettrait de doter la ville d’un nouveau pôle d’attractivité en plus de soulager le Bosphore, l’un des détroits les plus congestionnés du monde.
Mais les opposants affirment qu’outre son impact sur l’environnement, le projet pourrait compromettre la Convention de Montreux, datant de 1936, qui garantit le libre passage des navires civils dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles, aussi bien en temps de paix que de guerre.
Le traité impose cependant des restrictions au passage par les détroits turcs des navires de guerre n’appartenant pas aux pays riverains de la Mer Noire.
Selon certains observateurs, une remise en question éventuelle du traité par le biais du Canal Istanbul pourrait faciliter l’accès des navires de guerre américains en Mer Noire, ce que la Russie voit d’un mauvais oeil.
« Le lien fait (par les amiraux) entre Canal Istanbul et la Convention de Montreux est totalement faux », a affirmé M. Erdogan.
« Nous n’oeuvrons pas et n’avons pas l’intention de l’abandonner. Si le besoin se fait sentir à l’avenir, nous pourrons amender n’importe quelle convention si cela peut permettre à notre pays d’aller de l’avant », a-t-il toutefois ajouté.
« Nous considérons les avantages qu’offre Montreux à notre pays comme importants, et nous resterons tenus par cet accord jusqu’à ce que nous trouvions de meilleures opportunités », a-t-il assuré.
Dix amiraux parmi les signataires de la lettre ont été arrêtés lundi et placés en garde à vue.