L’opération, jusqu’ici cantonnée à une surveillance à distance de ces réseaux qui opèrent depuis les côtes libyennes, passera à une phase plus offensive le 7 octobre, a indiqué le Conseil européen, qui représente les 28 Etats membres, dans un communiqué.
La décision a été prise par les ambassadeurs, au sein du Comité de politique et de sécurité de l’Union. Ils ont « également donné (leur) accord pour qu’EU Navfor Med soit rebaptisée +Sophia+, le nom donné au bébé qui est né sur un navire ayant sauvé sa mère le 22 août au large des côtes libyennes », selon ce communiqué.
Dès le 7 octobre, « au lieu de simplement rassembler des informations, nous serons en mesure d’arraisonner les bateaux (des trafiquants), de les fouiller et de les saisir », avait expliqué la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, lors d’une visite au quartier général d’EU Navfor Med à Rome la semaine dernière.
L’ancienne ministre italienne des Affaires étrangères avait alors indiqué qu’elle allait suggérer aux Européens de désormais appeler l’opération « Sophia ».
Cette petite fille, aujourd’hui âgée d’un mois, est née sur le navire allemand Schlewig-Holstein qui participe depuis juin à la mission, après que ses parents originaires de Somalie eurent été sauvés par l’équipage, avait expliqué Mme Mogherini, mère de deux enfants.
La proposition, annoncée par la Haute représentante de l’UE pour les Affaires extérieures aux médias avant d’avoir reçu l’aval à l’unanimité des 28, « a fait grogner » dans certaines capitales, a expliqué une source européenne.
« Certains estimaient que l’Union européenne est là pour combattre les trafiquants, pas pour faire nurserie », a-t-elle ajouté. A leurs yeux, « Sophia, c’est bien joli, mais est-ce que ça correspond vraiment à ce qu’on veut faire? », a-t-elle rapporté.
« Certains sont chagrins parce qu’ils ont eu le sentiment d’avoir été court-circuités par la Haute représentante, à laquelle on ne cesse par ailleurs de demander de faire montre de leadership », a estimé cette source pour la défense de Mme Mogherini.
Mme Mogherini s’était montrée convaincue que cette mission serait « très efficace », même si elle est pour l’instant limitée aux eaux internationales, en attendant un feu vert du Conseil de sécurité et l’aval du gouvernement libyen pour opérer cette fois dans les eaux libyennes, à moins de 12 miles nautiques des côtes.