« L’équipe du CICR, qui comprend trois véhicules et neuf personnes, n’a pas atteint Marioupol et n’a pas pu faciliter le passage en toute sécurité des civils aujourd’hui », a déclaré le Comité international de la Croix-Rouge dans un communiqué.
L’équipe a dû faire demi-tour car « les conditions ont rendu impossible la poursuite » de la mission, et elle est retournée à Zaporijie, à 250 km au nord-ouest, selon la Croix-Rouge.
« Ils essayeront à nouveau samedi de faciliter le passage en toute sécurité de civils de Marioupol », cité portuaire dévastée par les bombardements russes et les combats, a ajouté la Croix-Rouge.
Cette dernière a souligné que « pour que l’opération réussisse, il est essentiel que les parties respectent les accords et fournissent les conditions nécessaires et les garanties de sécurité ».
Le CICR prévoyait que son équipe prennent la tête d’un convoi pour quitter la ville, cible de bombardements intenses de l’armée russe depuis des semaines. De précédentes tentatives d’évacuer les civils ont échoué. Certains ont réussi par eux-mêmes à faire le périlleux voyage de sortie de Marioupol.
Quelque 160.000 personnes restent coincées dans la ville du Sud-Est ukrainien, dont beaucoup sont privées de tout (eau, nourriture, électricité) par un froid mordant.
Le porte-parole du CICR Ewan Watson avait prévenu plus tôt vendredi de l’incertitude sur la faisabilité des évacuations.
« Il y a beaucoup de parties mouvantes et tous les détails ne sont pas réglés pour être sûr que cela se passe en toute sécurité (…) Il n’est pas clair encore si cela va se faire aujourd’hui », avait-il dit lors d’un briefing de l’ONU à Genève (Suisse).
« Si et quand cela se produit, le rôle du CICR en tant qu’intermédiaire neutre sera de mener le convoi hors de Marioupol vers une autre ville en Ukraine », a-t-il expliqué. « La population a désespérément besoin de ce passage sécurisé ».
Le CICR utiliserait ainsi ses véhicules comme un marqueur indiquant à toutes les parties la nature humanitaire et non militaire de l’opération, selon M. Watson.
Selon lui, quelque 54 bus auraient dû partie du convoi pour sortir les civils de la ville, mais aussi de nombreux véhicules individuels.
« Nous sommes à court d’adjectifs pour décrire les horreurs que les habitants de Marioupol ont endurées. La situation est horrible et empire », a asséné M. Watson. « c’est maintenant une nécessité humanitaire que les gens soient autorisés à partir et que l’aide soit autorisée à entrer » dans la ville.
La CICR a indiqué n’avoir pas reçu la permission vendredi d’amener de l’aide humanitaire à Marioupol. L’organisation avait préparé deux camions chargés notamment de nourriture et de médicaments, mais ils sont restés à Zaporijie.
« Le temps est compté pour les habitants de Marioupol. Ils ont désespérément besoin d’aide », a lancé M. Watson.
Des personnes ayant réussi à quitter la ville assiégée et des ONG y ont décrit des conditions catastrophiques, avec des civils terrés dans des caves, privés d’eau, de nourriture et de toute communication, et des cadavres jonchant les rues. La municipalité, qui a fait état de plus de 5.000 morts depuis le début de la guerre, accuse en outre Moscou d’avoir évacué « contre leur gré » plus de 20.000 habitants vers la Russie.