Les discussions entamées dans la matinée sur le Fonds européen aux affaires maritimes et à la pêche (FEAMP) « sont suspendues », a annoncé dans un tweet la présidence lituanienne du Conseil, qui représente les gouvernements.
La présidence a ajouté « souhaiter une rapide reprise » des discussions, le bouclage d’un accord sur le FEAMP conditionnant la mise en oeuvre de la nouvelle politique commune de la pêche pour 2014-2020.
Mais le négociateur du Parlement européen, l’élu breton de droite Alain Cadec, a exclu auprès de l’AFP un retour à la table des négociations.
Selon lui, le Conseil et la Commission européenne ont de manière inopinée et concertée « remis en cause » l’accord de principe auparavant obtenu dans la matinée, « pour mettre le Parlement hors jeu ».
Pour contourner l’écueil, il a indiqué qu’il proposera au Parlement d’adopter en mars une résolution fixant ses options sur la ventilation des fonds. « Il restera aux Etats à se prononcer », à temps pour que le secteur sache sur quelles subventions pouvoir compter, a-t-il affirmé.
Un des points de blocage a été le montant des fonds destinés à la collecte des données sur l’état des stocks de poissons et la surveillance des activités de pêche, deux outils pour lutter contre la surpêche. « Nous voulions des montants plus élevés », a-t-il souligné.
Côté Conseil, la priorité pour le FEAMP est de faciliter l’adaptation du secteur à la réforme de la PCP arrachée aux forceps ce printemps, qui prévoit notamment l’interdiction progressive, à partir de 2015, des rejets en mer des prises accessoires.
Face à la Commission européenne, qui souhaitait les limiter au maximum, les gouvernements insistent pour poursuivre les subventions à la flotte, avec notamment des fonds destinés à la modernisation des moteurs, et aux pêcheurs limitant leur activité.
Sans rejeter ces options, le Parlement européen milite pour sa part imposer un encadrement et des conditions stricts.
« Après beaucoup de travail, nous avions sur le fond une convergence des trois institutions », a relevé M. Cadec, affirmant ne pas comprendre l’attitude des autres parties.
A la satisfaction des écologistes, la seule certitude est que le nouveau Fonds ne financera pas la construction de navires, des aides bannies depuis 2005.
La coalition d’ONG Ocean2012 avait prédit jeudi que les négociations allaient déboucher sur des « résultats mitigés » qui « plutôt que de contribuer à mettre fin à la surpêche » auront pour effet de l’atténuer.
Dans un appel en faveur de l’environnement marin lancé en octobre, 200 scientifiques jugeaient que la capacité de la flotte européenne de pêche était « deux à trois fois supérieure à ce qu’une pêche durable supposerait, alors que 39% des stocks sont surpêchés en Atlantique nord-est et plus de 88% en Méditerranée ».