Un armateur jugé pour mouillages sur de la posidonie dans les calanques

Marseille, 25 avr 2025 (AFP) – Une amende de 50.000 euros avec sursis a été requise vendredi à Marseille contre la société propriétaire d’un catamaran de transport de touristes pour deux mouillages interdits dans le parc national des Calanques qui ont détruit des herbiers de posidonies.

Le catamaran E-Colorato de la société « Levantin » avait été contrôlé en infraction ayant mouillé, le 19 juillet 2021 et le 30 avril 2022, devant les calanques de Sugiton et de Sormiou dans une zone interdite au mouillage pour les navires de plus de 24 mètres. Il mesure précisément 24,86 mètres.

Les deux skippers, condamnés selon une procédure de composition pénale, une mesure alternative aux poursuites, permettant de condamner rapidement le ou les auteurs d’une l’infraction, à condition qu’ils reconnaissent les faits. Les skippers ont admis devant le tribunal maritime avoir cédé à la pression commerciale des passagers et de l’armateur, en dépit, a dit l’un d’eux, de sa sensibilité environnementale.

Le gérant était lui absent à l’audience. « Il adopte la politique de la terre brûlée, il remplit ses caisses le plus vite possible avant de disparaître à l’étranger », a déploré le procureur Michel Sastre.

Si le tribunal maritime de Marseille a déjà condamné des capitaines à la réparation du préjudice écologique, c’est le premier dossier ciblant un armateur. Cette société « a gagné beaucoup d’argent grâce au parc national des Calanques jusqu’à sa suspension, fin 2023 de la liste des transports de passagers autorisés dans le coeur marin pour des manquements répétés », a fait savoir Me Sébastien Mabile, avocat du parc. L’entreprise a ensuite fait faillite et se trouve désormais en liquidation judiciaire.

Me Mabile a demandé la condamnation de Levantin au titre de de la réparation du préjudice écologique à 49.000 euros de dommages et intérêts face à une destruction estimée de 435 m³ d’herbiers de posidonies.

L’intérêt écologique des herbiers de posidonies – captation d’une grande quantité de carbone, libération d’oxygène et refuge de biodiversité – a déjà été retenu par le tribunal qui a mis en oeuvre un mode de calcul innovant du préjudice écologique.

Ce parc « en compte 700 hectares mais, si rien n’est fait, en quelques dizaines d’années, la totalité des herbiers pourrait disparaître alors qu’ils ont mis des millénaires à se constituer, a alerté Me Mabile.

« On ne peut pas se faire de l’argent au détriment de la biodiversité », a estimé de son côté Me Isabelle Vergnoux, avocate de trois associations de défense de l’environnement dont France Nature Environnement.

Avocate du mandataire liquidateur de la société Levantin, Me Bénédicte Chabas a invité le tribunal à « ne pas entrer en voie de condamnation civile d’une personne morale qui n’est pas à l’origine de l’infraction ».

La décision sera rendu le 12 juin.

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