« Les coraux d’eau froide sont bien moins connus parce que moins accessibles pour le grand public, ils sont aussi moins colorés », explique Lénaïck Menot, chercheur au laboratoire Environnement profond de l’Ifremer, lors d’un entretien téléphonique depuis le navire Thalassa engagé dans cette mission qui a débuté le 4 août.
« Leur rôle fonctionnel est cependant assez similaire à celui des coraux tropicaux », ajoute celui qui est aussi à la tête de la mission Chereef chargée d’installer l’observatoire et menée dans le cadre d’un projet européen visant à améliorer l’état de conservation des habitats marins.
Les coraux, à l’origine d’écosystèmes particulièrement riches et complexes, souffrent des activités humaines et notamment de la pêche et de la pollution par les plastiques. « Depuis quelques années on observe énormément de déchets dans les lieux profonds », note Franck Lartaud, de l’Observatoire Océanologique de Banyuls et membre de la mission. « Les micro-plastiques posent le plus de problèmes, les coraux essayent de les ingérer puis finalement les recrachent. Ils s’épuisent complètement à ça », souligne-t-il.
Dans le golfe de Gascogne, la centaine de canyons sous-marins qui entaillent la pente continentale offre les conditions propices au développement des coraux d’eau froide, explique l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) dans un communiqué.
Le projet Chereef vise à cartographier à très haute résolution le canyon de Lampaul situé à environ 300 km de la pointe bretonne de Penmarch’, à réaliser des expériences et des prélèvements, ainsi qu’à installer un observatoire afin de filmer 15 minutes par jour pendant cinq ans un récif de coraux.
Cet observatoire, d’environ 3 m par 1,5 m, sera doté de différents instruments de mesure, ainsi que d’une caméra reliée par un câble de 30 mètres de long lui permettant de s’approcher au plus près des coraux.
En attendant son installation, le 28 ou 29 août, par 900 mètres de fond, les plongées préparatoires du submersible Ariane, téléguidé depuis le Thalassa, sont retransmises deux fois par jour au parc marin Océanopolis de Brest qui espère pouvoir se doter en 2022 d’un caisson hyperbare en mesure de présenter pour la première fois en France ces coraux encore largement méconnus.