Le capitaine Yohanis Humiang comparaît devant un tribunal indonésien de l’île de Rote, à environ 500 km des côtes australiennes, où il doit répondre de trafic de migrants, après avoir été arrêté en juin par la marine australienne. Cinq membres d’équipage sont jugés pour les mêmes faits dans un procès séparés. Tous encourent jusqu’à 15 ans de prison.
Humiang, 35 ans, a expliqué au tribunal mardi comment son bateau avait été intercepté alors qu’il faisait route vers la Nouvelle Zélande avec à son bord 65 migrants, pour la plupart du Sri Lanka.
La capitaine a raconté avoir été interrogé pendant une demi-heure à bord du navire de la marine australienne. Il a affirmé avoir reçu la somme de 32.000 dollars (30.000 euros) qu’il a partagés avec les cinq autres membres d’équipage du bateau.
« On nous a donné l’argent pour que nous ramenions les migrants en Indonésie. Et pour être honnête, j’ai besoin d’argent. C’est pour cette raison que j’ai accepté. Je ne peux pas rentrer les mains vides », a déclaré le prévenu.
Dans un rapport publié en octobre, Amnesty International avait accusé l’Australie d’avoir payé des passeurs pour refouler des demandeurs d’asiles vers l’Indonésie et de mettre ainsi leurs vies en danger, en évoquant cette affaire, puis une autre.
L’Australie mène une politique d’immigration extrêmement restrictive depuis que le gouvernement a lancé en 2013 l’opération « Frontières souveraines » pour décourager les réfugiés d’arriver par la mer en Australie.
La marine intercepte les bateaux transportant des migrants et les renvoie vers leur point de transit, souvent l’Indonésie. Les migrants qui parviennent à gagner les rives de l’Australie sont, eux, placés dans des camps de rétention sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle Guinée, ou sur l’île de Nauru, dans l’océan Pacifique.
Canberra affirme que cette politique de fermeté permet de sauver des vies.