Le canal de Suez, qui voit passer environ 10% du commerce maritime mondial et représente l’une des premières sources de devises pour Le Caire, représente un véritable symbole national.
Mardi, le Parlement égyptien a donné son accord de principe à un projet de loi voulant créer un « Fonds du canal de Suez » qui pourra « exercer différentes activités économiques comme la création de sociétés d’investissement et l’achat, la vente, la location, l’émission d’obligations ».
De quoi alarmer l’opinion publique qui redoute que la souveraineté de l’Egypte sur le canal soit remise en question, alors que le pays est étranglé par une dette extérieure de 150 milliards de dollars et a déjà dévalué sa monnaie de 57% depuis mars.
M. Rabie a voulu rassurer jeudi lors d’une conférence de presse à Ismaïlia (nord-est) en affirmant que le canal ne peut être « vendu, loué ou placé en garantie pour un emprunt », ajoutant que l’objectif est de permettre d’investir dans « d’immenses projets ».
Mais pour l’économiste égyptien Hani Toufic, ce projet viserait à « remplacer la dette de l’Etat par le placement en garantie des revenus du canal ».
Des affirmations démenties par le président de la SCA, indiquant que l’objectif était d’attirer des investissements étrangers.
Et de souligner l’attachement de l’Etat au canal, rappelant notamment l’épisode de la nationalisation du passage en 1956 par le président d’alors Gamal Abdel Nasser.
Mais l’ancien patron de la SCA Mohab Mamish estime de son côté que ce projet de loi « ouvre la porte à des changements sans précédent (…) qui permettent la présence d’étrangers dans la gestion du canal ».
Des investisseurs étrangers pourraient « changer le système en place depuis des années et qui a rapporté des bénéfices records », a-t-il indiqué à des médias locaux.
En juillet, le canal de Suez avait annoncé un bénéfice record de 7 milliards de dollars (environ 6,7 milliards d’euros).
L’étude de ce projet de loi survient alors que l’Egypte a sollicité l’aide du Fonds monétaire international (FMI) qui a approuvé mi-décembre un prêt sur 46 mois de 3 milliards de dollars.
Ce soutien financier a été accordé en échange d’un programme visant à « préserver la stabilité macroéconomique », « ouvrir la voie à une croissance durable, inclusive et tirée par le secteur privé ».
Les mesures doivent également permettre de réduire la dette publique, « tout en augmentant les dépenses sociales ».
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