Les flotteurs Argo servent à compléter les données fournies par les satellites sur les propriétés des masses d’eau, la variabilité océanique et les variations climatiques, ainsi qu’à alimenter les modèles de prévisions météorologiques. Les cent instruments qui seront déployés serviront à remplacer ceux en fin de vie, mais aussi à doter des zones qui en sont dépourvues.
« C’est une première pour un bateau à voile. Jusqu’à présent de tels déploiements se faisaient principalement via des navires à moteur », a noté lors d’une conférence de presse à Brest le navigateur Éric Defert, cofondateur de Blue Observer.
Créée en février, cette jeune société intervient en tant qu’opérateur maritime scientifique pour tous sujets d’études océaniques en rapport avec le climat. Elle dispose d’un voilier en aluminium de 26 m doté notamment d’un laboratoire dédié aux scientifiques.
« Remplir un bateau à voile de deux ou trois tonnes de matériel, c’est-à-dire cent flotteurs, personne ne l’a jamais fait », a assuré Mathieu Belbeoch, directeur d’OceanOPS, le centre de coordination et de surveillance des systèmes d’observation de l’océan dépendant de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’Unesco.
Selon lui, cette expédition « est une réponse opérationnelle innovante et à basse empreinte carbone aux contraintes imposées par la pandémie mondiale et aux difficultés de maintenir les campagnes académiques habituelles ».
Les coûts d’une telle expédition « sont dix fois inférieurs à ce qu’ils seraient avec des gros navires de type océanographique », a noté Éric Defert, évoquant la somme de 50.000 euros par jour pour ces bateaux scientifiques.
Actuellement, 4.000 flotteurs Argo sont opérationnels. Environ un quart du parc doit être renouvelé chaque année.
La mission, qui partira de Brest le 2 novembre et d’une durée de trois mois, est financée par l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) et son partenaire Woods Hole Oceanographic Institution, ainsi que par le programme Argo du Canada et l’infrastructure européenne de recherche Euro-Argo.
Des prélèvements d’aérosols en haute mer seront en outre réalisés pour le compte de l’Université de Laval, au Canada, et de l’Institut de chimie de Clermont-Ferrand. La collecte servira à l’étude des gènes de résistance aux antibiotiques.