La déflagration, entendue à des dizaines de kilomètres à la ronde, s’est produite samedi vers midi (08H30 GMT) sur un quai du port Shahid Rajaï, par où transitent 85% des marchandises en Iran.
Ce port stratégique est proche de la grande ville côtière de Bandar Abbas, sur le détroit d’Ormuz, par où passe un cinquième de la production mondiale de pétrole, à environ un millier de kilomètres au sud de Téhéran.
« Au moins 25 personnes ont été tuées », a rapporté l’agence Tasnim, citant le chef du pouvoir judiciaire de la province d’Hormozgan (sud), où se situe le port, Mojtaba Ghahremani. La télévision d’Etat a aussi fait état de 1.000 blessés.
Le président Massoud Pezeshkian a ordonné l’ouverture d’une enquête pour établir les causes de la catastrophe.
Celle-ci est probablement due à un incendie dans un dépôt de stockage de matières dangereuses et chimiques, selon un communiqué des Douanes repris par la télévision d’Etat.
L’explosion a été provoquée par du perchlorate de sodium, une substance entrant dans la composition de carburants solides pour missiles, affirme le New York Times, citant une source anonyme proche des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran.
« L’incendie est sous contrôle mais n’est toujours pas éteint », a indiqué dimanche un correspondant de la télévision d’Etat présent sur les lieux, une épaisse fumée noire visible derrière lui.
Seuls les médias iraniens ont été autorisés à prendre des photos et vidéos dans le secteur du sinistre.
– Trois jours de deuil –
Des avions bombardiers d’eau et des hélicoptères sont mobilisés pour continuer à lutter contre les flammes, 24H après l’explosion, selon des images de la télévision d’Etat. Au sol, d’immenses lances à incendie ont été déployées par les pompiers.
Les autorités ont ordonné la fermeture dimanche – jour ouvré en Iran – des bureaux et établissements scolaires à Bandar Abbas, ville d’environ 650.000 habitants, alors que la fumée continue à se propager dans les environs, selon un responsable des secours, Mehrdad Hassanzadeh.
Le ministère de la Santé a appelé les habitants à rester chez eux « jusqu’à nouvel ordre » et porter des masques s’ils doivent impérativement sortir.
Un appel aux dons de sang a été lancé pour les blessés.
Les autorités ont décrété trois jours de deuil à compter de dimanche dans la province d’Hormozgan, dont Bandar Abbas est le chef-lieu. La ville abrite la principale base de la marine iranienne.
Le nombre d’employés présents sur le port au moment de l’explosion n’est pas connu.
Les opérations de dédouanement et de chargement des conteneurs ont repris, a déclaré dimanche à la télévision le ministre de l’Intérieur, Eskandar Momeni, dépêché sur les lieux.
– Camions soufflés –
L’agence officielle Irna a publié des photos montrant un afflux de secouristes après la catastrophe et une voiture couverte de taches de sang encastrée dans un poids lourd.
La déflagration a été telle qu’une rangée de semi-remorques a été complètement soufflée et réduite à l’état de carcasses, selon des images sur les réseaux sociaux dont l’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité.
Sur d’autres images prises d’un hélicoptère dont l’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité, une épaisse fumée noire dans le ciel semble indiquer plusieurs départs de feu.
L’ONU et de nombreux pays, dont l’Arabie saoudite, le Pakistan, l’Inde, la Turquie et la Russie, ont présenté leurs condoléances à l’Iran.
L’explosion de samedi s’est produite au moment où des pourparlers cruciaux sur le nucléaire entre l’Iran et les Etats-Unis, ennemis depuis quatre décennies, se déroulaient à Oman.
Israël, qui soupçonne l’Iran de vouloir de doter de l’arme nucléaire comme d’autres pays occidentaux, se livre depuis des années à une guerre de l’ombre contre l’Iran, son ennemi juré, pour contrer son influence régionale.
Selon le quotidien américain Washington Post, Israël avait lancé en mai 2020 une cyberattaque contre le port Shahid Rajaï.
La thèse d’un sabotage n’a pour l’heure pas été évoquée par les autorités iraniennes pour l’explosion de samedi.
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