En déplacement à New York pour marquer ce rachat annoncé en décembre, M. Saadé a indiqué à des journalistes avoir l’intention d’y investir 600 millions de dollars sur huit à dix ans et de créer un millier d’emplois directs et indirects.
Cette enveloppe doit notamment être consacrée à l’automatisation des deux sites –rebaptisés « Port Liberty »–, à l’augmentation de leurs capacités de stockage de conteneurs ou encore à la prolongation de leurs quais pour pouvoir accueillir des navires plus grands (24.000 conteneurs). Leurs capacités devraient augmenter à terme de 80%.
A l’heure actuelle, selon lui, les infrastructures portuaires aux Etats-Unis ne sont en mesure de faire accoster que des navires transportant environ 15.000 conteneurs.
« En tant que première économie mondiale, ils doivent s’assurer que leurs infrastructures portuaires sont au niveau mais ce n’est pas le cas aujourd’hui », a relevé M. Saadé. « Des investissements sont nécessaires ».
Il s’agit d’un « marché très stratégique pour nous » où il faut « être en mesure de fournir une solution de bout en bout », a-t-il affirmé, rappelant la longue présence du groupe familial sur le sol américain avec des implantations sur les côtes Pacifique et Atlantique.
Le groupe a profité des « exceptionnelles » liquidités engrangées pendant la pandémie –lorsque les prix du fret ont explosé face à la fonte des capacités– pour faire des emplettes tous azimuts depuis 2019.
– Diversification –
D’abord pour étoffer sa présence tout au long de la chaîne du commerce international (entrepôts, transport terrestre, e-commerce, terminaux portuaires comme en Inde récemment, etc), ce qui lui permet notamment de maîtriser les temps de transferts et les coûts.
Mais aussi pour se diversifier avec une entrée dans le monde des médias en France (rachat du quotidien La Provence, participation dans le groupe M6), des prises de participations (Air France-KLM, Eutelsat) ou encore le rachat de la compagnie La Méridionale (relie Marseille à Corse et Maroc).
« Nous regardons toujours pour nous développer mais nous devons digérer ce que nous avons acheté », a constaté M. Saadé, avant de confier être intéressé par un terminal sur la côte Ouest des Etats-Unis et par un développement dans les médias en France.
« Mais en ce moment, nous avons assez de choses dans notre assiette », a-t-il tempéré. « Nous sommes désormais un groupe de transport maritime et de logistique ».
Concernant le commerce mondial, il s’attend à ce que les volumes transportés de Chine vers les Etats-Unis stagnent, voire « baissent un peu » car Washington « regarde aussi ailleurs » pour s’approvisionner et que des groupes comme Apple se tournent vers d’autres pays.
En particulier vers l’Inde, où CMA CGM a annoncé fin août le rachat de la quasi-totalité de la société Stellar Value Chain Solutions, triplant quasiment la superficie de ses entrepôts dans le pays « qui croît très vite » aux niveaux internes et internationaux.
D’après M. Saadé, la demande recule aux Etats-Unis et en Europe mais elle est « toujours très forte » en Afrique et en Amérique latine – surtout au Brésil -.
C’était également le cas au Moyen-Orient, notamment en Arabie saoudite, avant le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël samedi, a-t-il relevé, soulignant que des alternatives existaient si la circulation sur le canal de Suez devait être perturbée.
