USS Cole: la défense veut retransmettre les débats de Guantanamo

« Nous ne demandons pas davantage d’intrusion dans le système qui existe déjà, nous demandons juste une plus grande diffusion câblée », a déclaré Richard Kammen, l’avocat du Saoudien Abd al-Rahim al-Nachiri.

« Nous voulons augmenter la transparence », a-t-il dit au dernier jour de cette audience, « pour qu’un public plus important puisse suivre cet événement d’un intérêt national et international ».

M. Nachiri encourt la peine de mort pour les attentats au Yémen contre l’USS Cole qui a fait 17 morts en 2000 et contre le navire français Limburg qui a fait un mort deux ans plus tard.

Tous les débats se tenant devant les tribunaux militaires de Guantanamo sont retransmis depuis 2011, en direct en circuit télévisé fermé sur une base militaire du Maryland (est), à Fort Meade, où journalistes et proches des victimes peuvent se rendre sur autorisation.

« Vous avez créé une illusion juridique (…) en décidant que Fort Meade est une extension de la salle du tribunal », a plaidé l’avocat en s’adressant au juge militaire. Le colonel James Pohl a répondu qu’il n’était pas « forcément en désaccord » avec cette assertion.

Le juge, qui a refusé de se récuser lundi, s’est demandé s’il avait « autorité pour changer le système » et s’il devait « en déférer au ministre de la Défense ». S’il autorisait n’importe quelle chaîne de télévision à diffuser les débats « ce ne serait plus un circuit télévisé fermé », a-t-il ajouté. Il devrait rendre sa décision avant ou lors de la prochaine audience, du 23 au 25 octobre.

Le procureur Justin Sher a dit l’opposition du gouvernement, estimant que « les témoins rechigneraient à faire leurs dépositions » en cas de télédiffusion des débats. Il a ajouté que des retranscriptions des débats étaient déjà fournies « au monde entier à travers le site internet » des tribunaux militaires et que « certains membres de la presse » assuraient une « solide couverture ».

L’avocat a voulu rassurer le juge, estimant que « la télédiffusion ne créerait pas une atmosphère de cirque au camp » de Guantanamo. « Rien ne peut affecter cet endroit » qui est « contrôlé comme nul autre », a-t-il dit.

« Les gens peuvent désapprouver une condamnation et un acquittement, mais ils ont une grande considération pour leurs institutions car ils les voient à l’oeuvre », a ajouté Me Kammen.

En outre, les survivants, comme les proches des victimes et la famille de l’accusé pourraient assister aux débats sans avoir à voyager jusque sur la côte est des Etats-Unis.

« C’est vrai pour chaque procès », a rétorqué le procureur Sher, « les gens doivent se rendre au tribunal pour assister aux débats ».

Parmi la dizaine de proches des victimes ayant assisté à l’audience, Ronald Frances, qui a perdu sa fille de 19 ans dans l’attentat de l’USS Cole, ne voit aucun intérêt à téléviser les débats. « Aucun tribunal fédéral ne le fait », a-t-il dit à la presse, « c’est une procédure légale, nous devons être au-dessus de tout cela ».

Au dernier jour de l’audience, l’accusé était absent de la salle du tribunal, il avait « volontairement choisi » de ne pas venir, selon Me Kammen, après avoir été empêché d’assister la veille à une session à huis clos concernant les mauvais traitements qu’il aurait subis en détention.

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