Le policier, Sirul Azhar Umar, avait en 2009 été reconnu coupable avec un complice du meurtre en 2006 d’une jeune femme de 28 ans. Cette mannequin mongole aurait servi d’interprète lors des négociations commerciales qui avaient précédé la vente en 2002 de deux sous-marins Scorpène et d’un sous-marin Agosta à la Malaisie pour près d’un milliard d’euros.
La mannequin, Altantuya Shaariibuu, avait été tuée par balles et son corps avait été pulvérisé à l’explosif, dans la jungle près de Kuala Lumpur.
La condamnation des deux hommes avait été confirmée en 2015 par la plus haute juridiction malaisienne. Sirul Azhar Umar avait cette même année fui la Malaisie et est depuis détenu en Australie.
Canberra n’extrade pas les personnes risquant la peine de mort dans leur pays. Mais M. Sirul pourrait être renvoyé dans son pays si le nouveau gouvernement malaisien abolit la peine capitale, comme il s’y est engagé à l’automne.
Le contrat des sous-marins a été l’objet de plusieurs controverses. L’opération avait été conclue par la DCNI, filiale de la Direction française des constructions navales (DCN), alliée au groupe français d’électronique et de défense Thales.
DCN a depuis été rebaptisé Naval Group, contrôlé par l’Etat français et par Thales.
La justice soupçonne que des dizaines de millions de dollars de pots-de-vin, dissimulés derrière des contrats de consultants, ont pu servir à corrompre l’ex-ministre de la Défense Najib Razak -qui fut ensuite Premier ministre de 2009 à 2018- via un ex-associé, Abdul Razak Baginda.
Selon les opposants à M. Razak, Sirul Azhar Umar et son complice, membres d’une unité d’élite chargée de la protection des ministres, ont servi de victimes expiatoires dans cette affaire de commissions occultes présumées.
Altantuya Shaariibuu était la maîtresse d’Abdul Razak. Elle aurait été tuée parce qu’elle en savait trop sur les pots-de-vin présumés, toujours selon les opposants de M. Razak.
M. Sirul, qui promet de tout révéler en échange d’une grâce des autorités malaisiennes, demandait l’asile en Australie en dénonçant une condamnation politique.
Le rejet de sa demande a été confirmé lundi par la cour administrative d’appel de Sydney.
« Il y a des raisons sérieuses de considérer que le demandeur a commis en Malaisie un crime grave non politique avant d’entrer en Australie », a indiqué la cour.
Najib Razak a été interrogé en novembre par la commission anti-corruption malaisienne sur l’affaire des sous-marins.
Le dossier fait aussi l’objet d’une information judiaciaire en France. Abdul Razak Baginda et quatre anciens industriels français ont été mis en examen par les juges parisiens.
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