Leur film avait relancé les doutes sur l’enquête officielle et poussé les pays riverains à entamer des démarches pour autoriser de nouvelles inspections officielles.
Le réalisateur Henrik Evertsson et l’analyste Linus Andersson étaient poursuivis pour avoir filmé avec un sous-marin télécommandé l’épave du ferry estonien, interdite d’accès depuis 1995 par un accord international notamment signé par la Suède, la Finlande et l’Estonie.
Un tribunal de Göteborg (ouest) a reconnu lundi que les deux hommes avaient commis des actes répréhensibles en vertu de l’accord, mais jugé qu’ils ne pouvaient pas être tenus responsables puisqu’ils avaient « effectué l’acte sur un navire battant pavillon allemand dans les eaux internationales ».
Plusieurs pays comme le Danemark, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne ou encore le Royaume-Uni ont signé l’accord international, mais ce n’est pas le cas de l’Allemagne.
Le documentaire d’Henrik Evertsson (« Estonia: la découverte qui change tout ») diffusé en septembre sur la chaîne Discovery, avait révélé l’existence d’un trou de quatre mètres dans la coque, jusqu’ici inconnu.
Les deux hommes, les premiers à être jugés pour avoir enfreint l’accord, encouraient une amende ou une peine pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement. Ce sont les gardes-côtes finlandais qui les avaient détectés en septembre 2019.
Les autres membres de l’équipe du documentaire n’étaient pas poursuivis car ils ne sont pas ressortissants des pays signataires du traité.
L’Estonia avait très rapidement sombré, de nuit, lors d’une tempête le 28 septembre 1994 entre Tallinn (Estonie) et Stockholm. Seules 137 personnes sur les 989 passagers et membres de l’équipage à bord avaient survécu à la catastrophe, un des naufrages les plus meurtriers de l’ère moderne.
Une commission d’enquête internationale avait conclu en 1997 à une déficience du système de verrouillage de la porte de proue de l’Estonia, qui avait permis à l’eau de s’engouffrer dans le navire.
Mais la version est restée contestée depuis des années, notamment par des survivants et des proches de victimes, sur fond de spéculations allant d’une collision avec un sous-marin à une explosion à bord.
Selon des experts interrogés dans le documentaire, seule une force massive provenant de l’extérieur aurait pu provoquer une rupture de quatre mètres sur la coque du navire.