Plusieurs agences de l’ONU se sont réunies dans la matinée pour coordonner leurs efforts et organiser le transport vers des zones sûres de milliers de civils ayant fui la ville pour se réfugier dans les forêts et plages environnantes. Mais aussi, en masse, vers le site gazier piloté par Total, situé à seulement 10 km de la ville sinistrée.
Là, depuis l’attaque initiale des groupes armées contre Palma mercredi, ils sont arrivés par vagues, frappant à la porte du périmètre ultra-protégé de milliers d’hectares sur la péninsule d’Afungi –une « bulle sécurisée, une sorte de Fort Apache assiégé » selon un expert sécuritaire français–, pour s’y abriter.
Selon une source participant aux opérations d’évacuation, il y aurait entre 6.000 et 10.000 personnes réfugiées à l’intérieur du site ou demandant à l’être, une situation compliquée à gérer d’autant que les travaux du construction du site gazier, censé être opérationnel en 2024, sont à l’arrêt depuis plusieurs mois.
Donc peu de personnel présent et vraisemblablement peu de ressources pour gérer une présence aussi importante.
Un ferry, le Sea Star 1, a quitté le site samedi avec quelque 1.400 travailleurs et habitants de Palma, vers la capitale de la province de Cabo Delgado, Pemba, qui encaisse depuis plus d’un an vague après vague de personnes déplacées, fuyant les violences jihadistes dans la province pauvre et majoritairement musulmane.
Et de nombreuses pirogues et bateaux à voile traditionnels, chargés de civils, continuent à affluer à Pemba, selon la source participant aux opérations d’évacuation. Dimanche, policiers et militaires étaient sur la principale plage de Paquitequete, empêchant l’accès aux médias, selon un photographe de l’AFP sur place.
– Dizaines de disparus –
Les groupes armés, qui terrorisent cette région frontalière avec la Tanzanie depuis plus de trois ans, sont montés en puissance depuis un an, multipliant leurs attaques sanglantes.
Contrôlant le port stratégique de Mocimboa da Praia depuis août 2020, crucial pour l’arrivée du matériel nécessaire aux installations gazières et qui n’a jamais été repris par les militaires mozambicains en dépit de plusieurs tentatives, ils sont désormais maîtres d’une bonne partie de la zone côtière.
L’attaque d’ampleur menée mercredi à Palma s’est traduite par des dizaines de morts parmi les civils, a confirmé dimanche soir la Défense mozambicaine.
Et « plus de cent personnes restent portées disparues », a affirmé à l’AFP le chercheur Martin Ewi, de l’Institut des études sécuritaires à Pretoria.
Une dizaine de camions, chargés de civils fuyant un hôtel de Palma où ils s’étaient retranchés, ont disparu des radars depuis vendredi, faisant redouter de nombreux morts.
« Un nombre inconnu de personnes sont sans doute mortes en tentant de fuir l’hôtel Amarula, lorsque leur convoi a été attaqué », reconnaît le directeur régional de l’organisation Human Rights Watch, Dewa Mavhinga.
Adrian Nel, un Sud-Africain de 40 ans qui travaillait dans le bâtiment à Palma avec son père et son frère, figure parmi les victimes, a raconté sa mère à l’AFP. « Mon fils est mort un jour violent et inutile », pleure-t-elle.
Et le nombre réel de personnes tuées dans Palma, qui comptait 75.000 habitants et où les jihadistes, attaquant sur trois fronts simultanés mercredi, ont « tiré tous azimuts », laissant une traînée de corps dans les rues, reste à déterminer.
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