Peu avant 00H30, une Clio grise était signalée à contresens sur l’A40 à hauteur de Feillens (Ain), selon le parquet de Mâcon. La voiture, conduite par un homme de 68 ans, a poursuivi sa route sur l’A6, toujours dans le sens inverse de la circulation, sur « environ quinze kilomètres ».
A hauteur de Viré (Saône-et-Loire), elle a heurté frontalement un monospace transportant une famille de cinq personnes.
Les conducteurs des deux véhicules, le sexagénaire et un père de famille de 38 ans, ont été tués sur le coup. La fillette de ce dernier qui allait sur ses quatre ans a succombé à ses blessures peu après.
Son frère de 13 ans était toujours hospitalisé en fin de matinée dans un « état critique », a indiqué la directrice de cabinet du préfet de Saône-et-Loire Marlène Germain. La mère de famille et son troisième enfant, de 13 ans également, choqués, bénéficiaient eux d’une prise en charge psychologique.
« Pourquoi ce monsieur était sur l’autoroute (à contresens)? A ce stade, ce n’est pas du tout établi », a-t-on déclaré au parquet de Mâcon, en précisant que des analyses toxicologiques sur les deux conducteurs étaient en cours.
Une enquête pour déterminer les circonstances de l’accident a été confiée à l’escadron départemental de sécurité routière de la gendarmerie.
Selon Xavier Rigo, directeur général adjoint de la société d’autoroute APRR qui exploite l’A6, un patrouilleur a tenté en vain d’intervenir quand la voiture circulait à contresens sur l’A40 .
« Un patrouilleur de l’APRR, qui se trouvait à proximité, s’est porté à sa hauteur. Il l’a klaxonné, lui a fait des signaux avec ses phares mais le conducteur est resté complètement sourd à ses signes », a raconté M. Rigo.
« Le choc est malheureusement arrivé quelques minutes après », a-t-il déploré.
– Des tests par « dizaines » –
Selon la Sécurité routière, 124 accidents, dont 26 mortels, ont été dus en 2016 à un véhicule circulant à contresens sur une autoroute ou sur une route à chaussées séparées. Ils ont occasionné 28 tués.
22% des conducteurs de ces véhicules étaient âgés de 75 ans ou plus. Dans la tranche d’âge intermédiaire (25-44 ans), la moitié des conducteurs concernés présentaient un taux d’alcool supérieur à 0,5 gramme/litre.
« Le contresens est un phénomène pas si rare et il n’est pas si facile de lutter contre, d’autant qu’on s’est toujours interdit les dispositifs bloquants – de type herse – de peur de causer la mort des occupants des véhicules », a déclaré à l’AFP le délégué interministériel à la Sécurité routière Emmanuel Barbe.
Depuis plusieurs années, différents dispositifs sont déployés: panneaux de sens interdit plus nombreux et avec des couleurs spéciales, radars de détection au niveau des barrières de péage, système d’alerte sur les panneaux à messages variables et sur les ondes des radios autoroutières…
« Des tests pour lutter contre les contresens, il y en a eu des dizaines et on en fait en permanence mais la limite, c’est de ne pas créer de suraccident », a estimé M. Rigo, en ajoutant qu’il est également « difficile d’informer les véhicules qui roulent normalement ».
« Les dispositifs comme les panneaux de signalisation suscitent une réponse chez des personnes qui sont conscientes mais le problème reste celles qui ne sont plus en état de lucidité, en raison de leur âge, d’une maladie ou d’une consommation d’alcool ou de stupéfiants et qui continuent de rouler en se croyant dans leur bon droit », a expliqué le responsable de l’APRR.
Selon l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (ASFA), le risque de contresens et de reculs mortels est plus grand la nuit. La moitié des contresens et reculs mortels survenus entre 20H00 et 1H00 sont liés à une consommation d’alcool, de drogues ou de médicaments.