Antonio Guterres a en particulier annoncé un « cessez-le-feu » dans la ville portuaire de Hodeida (ouest) par où entre l’essentiel de l’aide dans ce pays le plus pauvre de la péninsule arabique, où sévit selon lui « la pire crise humanitaire du monde ».
L’accord prévoit un retrait des forces gouvernementales et rebelles de la ville et du port, contrôlé par les Houthis mais cible d’une offensive de la coalition militaire sous commandement saoudien.
L’ONU jouera un « rôle clé » dans le contrôle de ce port de la mer Rouge, a précisé le secrétaire général de l’ONU lors d’une cérémonie solennelle en présence des représentants du gouvernement yéménite et de la rébellion Houthie.
Les deux parties sont également convenues de faciliter l’aide humanitaire dans la ville de Taëz. Aucun accord n’a en revanche été annoncé pour la réouverture de l’aéroport de la capitale Sanaa, contrôlé par les rebelles et fermé depuis trois ans.
Les médiateurs de l’ONU, qui ne nourrissaient que de maigres espoirs d’obtenir une percée en Suède, ont également annoncé que les négociateurs des deux camps devaient poursuivre leurs consultations fin janvier.
Le secrétaire général et son envoyé spécial pour le Yémen Martin Griffiths cherchent un accord durable sur une désescalade militaire, après quatre ans de guerre qui ont fait environ 10.000 morts et menacent jusqu’à 20 millions de personnes de famine, selon l’ONU.
Le résultat de ces pourparlers sera présenté au Conseil de sécurité des Nations unies dès vendredi, selon le chef de la diplomatie suédoise, Margot Wallström.
« La communauté internationale continuera à faire du Yémen une priorité », a-t-elle déclaré jeudi à Rimbo.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, ainsi que ses homologues saoudien et émirati, ont également fait le déplacement en Suède.
Afin d’encourager la reprise du dialogue inter-yéménite rompu depuis plus de deux ans, Antonio Guterres a momentanément quitté la COP24 sur le climat qui se tient actuellement en Pologne pour rencontrer les délégations.
L’envoyé spécial de l’ONU Martin Griffiths avait remis aux belligérants une batterie de propositions portant sur un « cadre politique » en vue d’un règlement du conflit, la réouverture de l’aéroport de Sanaa, le redressement de l’économie et la ville de Hodeida.
– Vote attendu au Sénat américain –
Ces accords vont « améliorer la vie de millions de Yéménites », s’est félicité Antonio Guterres.
Toutes les tentatives pour mettre fin à la guerre ont jusqu’ici échoué, et la situation humanitaire ne cesse de se dégrader au Yémen, dont l’économie est en lambeaux.
La présence en Suède des délégations yéménites a été favorisée par deux mesures de confiance: l’évacuation début décembre de 50 rebelles blessés vers Oman et un accord préliminaire d’échange de prisonniers.
Les images de dévastation provoquées par les raids aériens de la coalition et celles de la crise humanitaire ont par ailleurs convaincu les grandes puissances de la nécessité d’accélérer un règlement du conflit.
Un porte-parole du Programme alimentaire mondial de l’ONU a salué jeudi dans les consultations de Rimbo « des signes encourageants » et « appelé les deux parties à poursuivre le dialogue ».
Dans ce qui constituait encore la seule avancée concrète de ces consultations à quelques heures de leur clôture, gouvernement et rebelles ont établi une liste de plus de 15.000 prisonniers à échanger.
A Washington, le Sénat américain a envoyé mercredi un nouvel avertissement au président Donald Trump et à l’Arabie saoudite en autorisant la tenue d’un vote sur une résolution visant à interdire tout soutien militaire à Ryad dans la guerre au Yémen.
Le vote final aura probablement lieu ce jeudi.