En me préparant pour l’Antarctique, j’ai fini par réaliser que l’environnement était assez similaire au désert du Sahara. J’y ai passé un certain temps dans une autre vie, dans les Forces Spéciales, menant des missions de « nomadisation », y patrouillant dans diverses zones frontalières, avec mon équipe de reconnaissance dans la profondeur de 5 hommes, a bord d’un camion 4×4 et d’une vieille Jeep type WW2 que nous utilisions encore dans l’armée française. Le désert est vide. Tout y est apporté par l’hommes et on ne peut survivre à son climat et à son environnement extrême qu’avec les éléments de confort transportés avec soi. L’Antarctique est le continent des extrêmes : froid extrême, vents extrêmes, l’endroit le plus sec de la planète.
La base de McMurdo a été construite pour répondre aux ambitions américaines sur le continent de glace. Tout a, en fait, commencé avec une hutte construite par l’explorateur britannique Scott au début des années 1900. Mais la base est devenue ce qu’elle est aujourd’hui grâce aux diverses missions de l’armée américaine. Le site de la cabane, qui est toujours dans le même état qu’il y a 120 ans, a été développé avec les missions Little America. Entre 1929 et 1950, cinq « petites Amériques » sont sorties de la glace, mais toutes ont finalement été perdues en mer : la banquise s’est brisée et les constructions ont dérivé avant de passer par le fond. En 1956, McMurdo a été construite pour l’armée de l’air, sur terre, loin des glaces capricieuses, pour accueillir principalement des opérations militaires. L’accent a rapidement été mis sur le soutien à la recherche scientifique et la base a été rendue plus confortable avec le temps. Elle est passée de constructions métalliques préfabriquées de conception similaire à la « baraque Fillod » française (huttes Quonset) à des bâtiments modernes affectés au logement, aux laboratoires scientifiques et à la restauration.
À partir du milieu des années 70, la National Science Foundation (NSF) a pris le relais de l’armée, mais aujourd’hui, le centre médical, la plupart des opérations aériennes et certaines opérations maritimes – brise-glace, garde-côtes – restent encore sous la responsabilité du département de la défense (DOD). De plus, peu à peu, des entrepreneurs civils ont repris de nombreux aspects des opérations. Un bon exemple est la compagnie aérienne canadienne Kenn Borek Airlines (KBA) désormais presque entièrement responsable des vols continentaux entre les bases et les camps temporaires. Elle utilise des DC3 « Dakota » modernisés et des petit bimoteurs « Twin Otter ». Aujourd’hui, quelques bâtiments anciens sont encore disséminés dans la nouvelle base. Le « Big Gym » et « The coffee house » sont les dernières huttes Quonset existantes et elles cohabitent avec quelques hangars antiques.