Le Président du Cluster maritime français revient sur les comptes de l’INSEE concernant l’emploi maritime

Produire des chiffres relatifs à l’économie maritime est un exercice difficile et périlleux. Le Cluster en a fait maintes fois l’expérience. Et l’INSEE ne peut en douter également, puisqu’il n’existe pas d’identifiant  économie maritime dans les codes référençant les entreprises, pas plus qu’il n’existe de sous-codes marquant la proportion de « maritime » dans les entreprises non directement reliées à l’eau salée.

Pour produire son baromètre annuel, le Cluster maritime français s’appuie directement sur les fédérations et les organisations professionnelles. Les chiffres produits sont ainsi directement issus des professionnels de tous les secteurs concernés. Bien évidemment, nous ne saurions remettre en cause le sérieux des calculs de l’INSEE, mais force est de constater que les différences trouvées dans chaque secteur posent de nombreuses questions :

– Quelles sont les entités qu’inclut le périmètre « Intervention publique » de l’INSEE pour 69.200 emplois ? La Marine nationale, gardienne avec plusieurs autres administrations ou associations (SNSM…) de l’action de l’Etat en mer, emploie 36.000 personnes, les instituts de recherche 3.620, les organismes de formations 2.000 et les administrations maritimes (dont les Affaires Maritimes) 3.300 … A périmètre voisin, l’INSEE trouverait 24.000 emplois de plus que le Cluster.

– Selon FranceAgrimer, la pêche et l’aquaculture génèrent 61.000 emplois (chiffres 2015). L’INSEE n’en répertorie que 51.000 ?

– Les armateurs maritimes français emploient 22.000 personnes : 6.000 sédentaires et 16.000 navigants, la source ne pouvant être mise en doute puisqu’il s’agit de l’ENIM (1).  L’Union des Ports de France indique 39.000 emplois dans le secteur portuaire, soit une somme de 61.000 emplois, contre les 45.000 emplois dans le transport maritime et fluvial indiqués par l’INSEE (incluant vraisemblablement les 2.000 emplois du transport fluvial que le Cluster ne répertorie pas).

– 38.500 emplois selon l’INSEE pour la construction et les réparations navales. Cette étude parle-t-elle de l’industrie nautique : 39.700 emplois selon la Fédération des Industries Nautiques ? Ou des industries construisant et réparant tous les types de bateaux, ce qui impliquerait d’additionner les 42.000 emplois référencés par le Groupement Industriel des Chantiers et Activités Navals (GICAN) qui n’a rien en commun avec la Fédération des Industries Nautiques ?

– Dans quelles entités trouve-t-on les 8.000 emplois générés par la production d’énergie qu’indique l’INSEE ? Le Cluster maritime français n’en répertorie que 800, entre recherche, développement, et projets en phase d’initiation.

– Comment expliquer qu’il y ait dix fois moins d’emplois pour l’INSEE (3.100) que pour le Cluster (32.000, source GEP-AFTP) dans le secteur du parapétrolier offshore ?

– Pourquoi des professionnels, totalement immergés dans le maritime, ne semblent pas avoir été pris en compte dans le rapport de l’INSEE (avocats, courtiers, sociétés de conseil, poissonniers, …) ?

Confronté au même problème de difficulté de comptage (emplois maritime et chiffre d’affaires), le Réseau européen des clusters maritimes (ENMC) a demandé à la Commission Européenne une étude irréfutable sur le sujet. Celle-ci, lancée cet été, ne rendra ses conclusions que dans un an au plus tôt…compte tenu de la difficulté de la tâche !  Le Cluster maritime français attend beaucoup de cette étude qui permettra sans doute d’harmoniser au niveau européen les systèmes de comptage « 

 (1) Etablissement National des Invalides de la Marine : établissement public national en charge du régime spécial de sécurité sociale des marins du commerce, de la pêche et de la plaisance. 

 

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