Protéger l’Antarctique !

1,5 million de personnes appellent les dirigeants du monde entier à préserver l’avenir de notre planète en protégeant l’Antarctique, haut lieu mondial de la vie sauvage, lors de la 40e réunion annuelle de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) – l’organisme responsable de la conservation marine dans l’Antarctique (1) -, qui se tient du 18 au 20 octobre.

D’éminents climatologues se sont joints à l’appel en demandant aux États membres de la CCAMLR de remédier simultanément et au plus vite aux crises biologique et climatique. Plus précisément, expliquent-ils, la décision de créer trois nouvelles grandes aires marines protégées – AMP (2) – dans l’Antarctique oriental, autour de la péninsule Antarctique et en mer de Weddell – permettrait de protéger la nature tout en rendant plus durable un écosystème déjà très affecté par le changement climatique.

Selon la lettre que leur ont adressée les climatologues, « dans les eaux froides de l’hémisphère sud de la planète, la CCAMLR devrait procéder à certaines interventions politiques claires et fondées sur la science afin de rendre les écosystèmes résilients et de donner à la nature les meilleures chances de résister à la crise climatique, notamment en établissant un réseau circumpolaire d’aires marines protégées ».

« Plus d’un million de personnes, y compris des scientifiques et des dirigeants mondiaux, ont uni leurs forces dans le cadre de la campagne #CallOnCCAMLR pour demander à la CCAMLR de protéger l’Antarctique », explique Claire Christian, directrice exécutive de l’Antarctic and Southern Ocean Coalition (ASOC).

« Ce mois-ci, deux réunions internationales majeures de l’ONU se tiennent dans le but de résoudre la crise de la biodiversité et du climat. Mais la CCAMLR ne doit pas être oubliée », ajoute Claire Christian, « parce qu’elle peut décider dès aujourd’hui de créer trois nouvelles AMP qui participeront directement à la résolution de ces deux problèmes. Cette mesure permettrait de protéger des millions d’animaux, des baleines aux manchots, tout en rendant plus résilient un écosystème qui est en pleine mutation en raison du réchauffement climatique qui s’y produit plus rapidement que partout ailleurs dans le monde ». 

L’océan Austral de l’Antarctique est une des dernières grandes étendues sauvages qui entoure le continent le plus froid, le plus sec, le plus venteux et le plus intact de la planète. Les eaux glaciales de cet océan grouillent de prédateurs qui se nourrissent des gigantesques essaims de krill (3), un minuscule crustacé semblable à la crevette, et d’autres espèces-fourrages présentes dans le fragile réseau trophique de la région.

« Les actuelles propositions d’aires marines protégées sont basées sur des données scientifiques solides et offriront aux espèces sauvages emblématiques de l’Antarctique les meilleures chances de survie en leur réservant des régions sûres où elles pourront améliorer leur résilience aux conséquences du changement climatique. Nous devons protéger les espaces qu’elles habitent », déclare, pour sa part, Emily Grilly, responsable de la conservation de l’Antarctique pour le WWF.

Afin de protéger cette région spectaculaire et les espèces qui en dépendent, la CCAMLR est convenue d’établir un réseau de vastes AMP autour de l’Antarctique.  Mais leur création en bonne et due forme s’est heurtée ces dernières années à l’opposition répétée de 2 des 26 membres de la CCAMLR (Ndlr : la Chine et la Russie)

« À l’approche de la réunion 2021 de la CCAMLR, les États-Unis, la Corée du Sud, l’Inde et l’Ukraine ont à leur tour décidé de coparrainer les propositions d’AMP dans l’Antarctique oriental et en mer de Weddell, ce qui montre que l’on s’achemine vers un consensus autour de l’adoption de nouvelles mesures de protection », explique Andrea Kavanagh, qui dirige le travail de The Pew Charitable Trusts sur la conservation de l’Antarctique et de l’océan Austral. « Désormais, s’ils veulent démontrer leur engagement à résoudre les crises du climat et de la biodiversité, il est temps pour les dirigeants mondiaux de ne plus repousser l’adoption de mesures de protection dans cette région cruciale du monde. » 

Selon Laura Meller, conseillère en politique océanique auprès de Greenpeace Nordic : « Les gouvernements croient peut-être avoir le choix entre assurer la protection efficace des eaux de l’Antarctique et repousser une fois de plus les mesures nécessaires. Ce n’est pas le cas. Ils n’ont pas d’autre choix que l’urgence climatique et la création de sanctuaires océaniques dans un des écosystèmes terrestres les plus vulnérables. L’heure n’est plus aux paroles, aux reports de réunions ou à des mesures de protection qui n’existent que sur le papier. Les dirigeants du monde entier se sont engagés à protéger les eaux de l’Antarctique, et il est désormais temps pour eux de passer des paroles aux actes ». 

(1) CCAMLR : La Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) a été créée dans le cadre du Système du traité sur l’Antarctique afin de préserver la biodiversité de l’océan Austral. La CCAMLR est une organisation fonctionnant par consensus et comprenant 26 membres, dont l’Union européenne et huit de ses États membres. Le mandat de la CCAMLR inclut la gestion des pêcheries selon une approche écosystémique, la protection de la nature de l’Antarctique et la création de vastes aires marines protégées qui permettront à l’océan de renforcer sa résilience au changement climatique. En 2009, les pays membres de la CCAMLR ont commencé à prendre leurs responsabilités pour établir un réseau d’AMP dans tout l’océan Austral et ont établi les premières AMP de haute mer sur le plateau continental des îles Orcades du Sud. En 2016, la plus grande AMP au monde a été créée en mer de Ross (sur proposition des États-Unis et de la Nouvelle-Zélande, pour une surface de 2,02 millions de km2). 

(2) À l’heure actuelle, il y a trois propositions pour la création de nouvelles AMP dans l’océan Austral. Deux ont été proposées par l’UE et ses États membres, ainsi que par l’Australie, la Norvège, l’Uruguay, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, l’Inde, la Corée du Sud et l’Ukraine : l’Antarctique oriental avec 0,95 million de km2 et la mer de Weddell avec 2,18 millions de km2. L’AMP de la péninsule Antarctique a quant à elle été proposée par l’Argentine et le Chili, avec 0,65 million de km2. La création de ces trois grandes AMP protégerait pratiquement 4 millions de km2 d’océan dans l’Antarctique. Cela correspond pratiquement à la taille de l’UE, soit 1 % de l’océan mondial. Ensemble, elles assureraient la plus grande mesure de protection océanique de l’Histoire.

(3) Le krill :En 2019, les scientifiques et les États membres de la CCAMLR sont convenus de mettre en œuvre un plan de travail scientifique sur le krill, connu sous le nom de « stratégie de gestion privilégiée ». L’idée : que la science débouche sur l’adoption en 2021 d’une nouvelle mesure de gestion écosystémique destinée à remplacer la MC 51-07 qui protège l’écosystème contre des impacts irréversibles. Les membres de la CCAMLR doivent décider d’établir ou non une nouvelle mesure de conservation fondée sur la réalisation du plan de travail lors de la réunion de cette année.

 En savoir +

L’Antarctic and Southern Ocean Coalition (ASOC) est un mouvement collaboratif mené par des organisations de conservation du monde entier afin de défendre l’intégrité des écosystèmes de l’Antarctique et de l’océan Austral contre les activités humaines. Sa mission est de protéger les écosystèmes uniques et vulnérables de l’Antarctique et de l’océan Austral en exprimant la voix unifiée de la communauté des ONG.

Lien vers la lettre des scientifiques aux États membres de la CCAMLR : https://drive.google.com/file/d/1c-8t0qhpPyaovaotr7h9miTdtnLcQXes/view?usp=sharing

La campagne #CallOnCCAMLR est une initiative conjointe d’ONG partenaires ; elle a rassemblé le soutien de près de 1,5 million de personnes dans le monde sur une pétition demandant aux dirigeants mondiaux d’agir dès maintenant.

La pétition demandant la protection de l’océan Austral est une collaboration d’initiatives :#CallOnCCAMLR : https://only.one/act/antarctica?l=fr

Avaaz – Campagne Save Antarctica’s wilderness : https://secure.avaaz.org/campaign/en/antarctic_ocean_loc_fr_pa/

WeMoveEurope – campagne pour sauver les habitats sauvages qui abritent les manchots, les baleines et d’autres espèces précieuses : https://act.wemove.eu/campaigns/save-baby-antarctic-penguins-from-starvation-uk

Lien vers la story map de Pew sur le krill, « Solutions to Protect Antarctica’s Keystone Species » :

https://www.pewtrusts.org/en/research-and-analysis/articles/2021/10/04/solutions-to-protect-antarcticas-keystone-species

CCAMLR : La Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) a été créée dans le cadre du Système du traité sur l’Antarctique afin de préserver la biodiversité de l’océan Austral. La CCAMLR est une organisation fonctionnant par consensus et comprenant 26 membres, dont l’Union européenne et huit de ses États membres. Le mandat de la CCAMLR inclut la gestion des pêcheries selon une approche écosystémique, la protection de la nature de l’Antarctique et la création de vastes aires marines protégées qui permettront à l’océan de renforcer sa résilience au changement climatique. En 2009, les pays membres de la CCAMLR ont commencé à prendre leurs responsabilités pour établir un réseau d’AMP dans tout l’océan Austral et ont établi les premières AMP de haute mer sur le plateau continental des îles Orcades du Sud. En 2016, la plus grande AMP au monde a été créée en mer de Ross (sur proposition des États-Unis et de la Nouvelle-Zélande, pour une surface de 2,02 millions de km2). 

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