Protection du port de Gwadar
Le port de Gwadar est situé dans la province du Baloutchistan où sévit une insurrection militante permanente depuis la fondation du Pakistan. Le 15 décembre 2016, la Marine pakistanaise a annoncé la création du groupe de travail TF-88 pour améliorer la défense de ses approches. Il serait équipé de drones, d’avions de surveillance aérienne et de missiles. Deux bâtiments de guerre de la Marine pakistanaise sont déjà basés à Gwadar et quatre à six patrouilleurs rapides devraient être commandés pour les assister. Des navires de guerre chinois pourraient également contribuer à la sécurité maritime du port dont l’opérateur est, depuis février 2013, la China Overseas Port Holding Company qui a succédé à la Singapore Port Authority. En effet, dès le lancement du projet en 2011, le Pakistan l’avait explicitement décrit comme devant être une base navale avancée pour la marine chinoise.
Recentrage de l’aide américaine aux Philippines
Profondément préoccupés par les rapports d’exécutions extrajudiciaires commises par des autorités gouvernementales aux Philippines dans le cadre de la guerre contre la drogue, les États-Unis ont modifié la destination de leur aide financière au profit de la sûreté maritime. L’administration Duterte aurait exécuté plus de 4 600 personnes pendant les cinq premiers mois suivant la prise fonction du nouyveau président. La loi Leahy, du nom du sénateur démocrate Patrick Leahy, interdit aux États-Unis de fournir formation ou équipement aux forces étrangères qui agissent en violations des droits de l’homme. Aussi, début septembre 2016, 4,5 millions de dollars des 5 millions initialement destinés à améliorer les forces de maintien de l’ordre ont été réaffectés aux garde-côtes des Philippines et au bureau des pêches.
Force de dissuasion navale pakistanaise
Créé en 2012, le Naval Strategic Force Command continue de s’améliorer pour fournir au Pakistan une capacité de frappe en second. En novembre 2016, une station d’émission en très basse fréquence (VLF) a été mise en service à proximité de Karachi, principal port du pays. Installée dans une nouvelle base, PNS Hameed, elle doit fournir aux sous-marins classiques dont dispose le pays la capacité d’écouter discrètement leurs communications terre-navire sans sortir d’antenne au-dessus de la surface. Selon Mansoor Ahmed, chercheur à la Harvard Kennedy School’s, le pays devrait être capable de mettre en œuvre une version à changement de milieu du missile de croisière Babur équipé d’une tête nucléaire d’ici une dizaine d’années. Il serait embarqué sur les trois Agosta 90 B de construction française qui seraient modifiés, ainsi que sur les huit sous-marins commandés à la Chine. Ils devraient entrer en service à partir de 2022.
Évaluation d’un nouveau type de force navale américaine.
L’amiral Scott Swift, commandant la flotte américaine du Pacifique, a déployé à titre expérimental dans le Pacifique Ouest un groupe d’action de surface (SAG) composé de trois destroyers. Ils étaient placés sous le contrôle opérationnel de la troisième flotte basée en Californie plutôt que sous celui de la septième flotte au Japon. À titre d’évaluation, il veut à présent y envoyer un groupe amphibie renforcé – “upgunned” Expeditionary Strike Group (ESG) – toujours composé de bâtiments issus des forces basées au Japon. La nouvelle force sera constituée autour du bâtiment d’assaut amphibie Wasp – mettant en œuvre les nouveaux chasseurs-bombardiers F-35B du Marine corps – et des autres bâtiments de son Amphibious ready Group (ARG) avec les hommes de la 31st Marine Expeditionnaru unit d’Okinawa. Cet ARG sera augmenté de trois bâtiments de surface, probablement des destroyers. En raison de sa taille, cette force sera placée sous le commandement d’un contre-amiral et de son état-major.
Opérations « Liberté de navigation » en mer de Chine méridionale
Pour marquer le 70e anniversaire de la décision du Guomintang de revendiquer la plus grande partie de la mer de Chine méridionale, un bombardier H-6 capable d’emporter des armes nucléaires a survolé le 8 décembre 2016 la « ligne en neuf traits » qui délimite les revendications chinoises. Cette « frontière » autoproclamée comprend en particulier les îles Spratley et Paracel qui sont l’objet de nombreux différends maritimes avec les états riverains. Des bâtiments de guerre américains ont déjà mené à quatre reprises des opérations de « liberté de navigation » en passant à proximité de certaines de ces îles occupées par des forces chinoises. La France (par la voix de Jean-Yves Le Drian au Shangri-La dialogue 2016 de Singapour), la Grande-Bretagne et l’Australie ont dit vouloir également effectuer des missions de ce type pour faire respecter le droit de la mer. La démonstration de force que constitue ce vol est inédite et marque un pas de plus dans l’escalade militaire qui sévit dans la région.
Une nouvelle corvette furtive nord-coréenne.
Un nouveau type de corvette a été aperçu dans le port nord-coréen de Najin. Longue de 77 m, elle rappelle par ses formes les frégates françaises du type Lafayette. Elle est équipée de deux lanceurs de missiles antinavires Kumsong-3, d’un système de missiles antiaériens de courte portée, de deux tubes lance-torpilles et de canons. Elle est cependant dépourvue de plate-forme d’appontage pour hélicoptères. Avec un sous-marin capable de lancer des missiles balistiques, cette corvette montre l’aboutissement de vingt années de développement naval nord-coréen. La valeur opérationnelle de ce nouveau bâtiment dépendra cependant de la capacité de l’équiper avec des armes modernes et efficaces, en particulier des missiles de croisière.
Création d’une force navale au Bangladesh
Deux sous-marins diesel d’attaque du type 035G (Ming) ont été livrés par la Chine à la marine bangladaise le 14 novembre 2016 au chantier naval de Dalian, où les deux unités ont été refondues après avoir servi dans la marine chinoise. Les deux sous-marins renommés S161 Nabajatra et S162 Joyjatra, devraient être admis au service actif en début 2017. Ils constituent les premières unités de la toute nouvelle force sous-marine dont se dote le Bangladesh. C’est la conséquence de l’arrivée, au poste de Premier ministre, du Sheikh Hasina en 2009 et de l’adoption du programme Forces Goal 2030 par son gouvernement. Dans ce cadre, le Bangladesh veut accroître à ses capacités navales dans les trois dimensions. Une force aéronavale et une force sous-marine se sont greffées à la flotte de surface qui a acquis des unités d’origine chinoise et américaine. La première, créée en 2011, comporte des hélicoptères italiens et doit recevoir ultérieurement des avions de patrouille maritime d’origine allemande.
Hugues Eudeline a publié un dossier de 21 pages sur le terrorisme maritime dans le dernier numéro de la revue de géographie et de géopolitique Hérodote (N° 163 du 4eme trimestre 2016). Ancien officier de Marine (Ecole navale 1972) Hugue Eudeline a servi plus de vingt ans dans les forces sous-marines. Master of Science en Management (SRU) et docteur en histoire (EPHE), il est aujourd’hui consultant international et consacre principalement ses recherches à la géostratégie. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Le dossier noir du terrorisme, la guerre moderne selon Sun Tzu » (L’esprit du temps, 2014). Il a également participé à la rédaction du chapitre « Puissance et violence maritimes » dans l’ouvrage collectif « Géographie des mers et des océans » publié sous la direction de Nicolas Escach (Editions Dunod-janvier 2015), ouvrage destiné à la préparation du CAPES et de l’agrégation.