Sous l’impulsion politique de Washington, et grâce à une mise en œuvre largement européenne (lutte contre la piraterie, formation militaire de forces de sécurité, etc), le pays a amorcé son redressement et sa réunification sous une forme fédérale.
Pour autant, l’autorité centrale, à Mogadiscio, n’existe que par sa tutelle internationale et le pays réel demeure tiraillé entre sa structure traditionnelle (clanique) et l’aspiration à un modèle islamo-nationaliste susceptible de garantir la cohésion nationale.
A la suite de la conférence de Londres sur la Somalie, au mois de février 2012, la communauté internationale a considérablement renforcé ses moyens d’action pour peser effectivement sur la situation somalienne.
Par ailleurs, le Royaume-Uni, qui œuvrait jusque là en faveur d’une stratégie de stabilisation basée sur un renforcement de ses pôles régionaux autonomes (Somaliland et Puntland principalement), a opéré un revirement et officialisé son ralliement à l’option américaine de restauration, à Mogadiscio, d’une autorité centrale crédible.
Cette option a été mise en œuvre à l’été 2012 avec l’adoption d’une constitution, l’élection d’un Parlement et d’un chef de l’Etat, et s’est traduite, en janvier 2013, par la reconnaissance des autorités somaliennes par Washington.
Le 16 septembre 2013, le lancement à Bruxelles, sous les auspices de la Commission européenne, du New Deal for Somalia a marqué une étape supplémentaire du retour de la Somalie dans le concert des Nations, les 31 Etats participants s’étant engagés à apporter un soutien politique et financier (1,8 milliard d’euros) à Mogadiscio (quatre jours plus tard Al-Shabab perpétrait l’attaque d’un centre commercial à Nairobi..)..
Au-delà des considérations humanitaires et de principe, les enjeux du dossier somalien pour la communauté internationale sont à la fois sécuritaires (lutte anti-terroriste principalement) et économiques (exploitation de réserves d’hydrocarbures principalement – notamment off-shore – et reconstruction…). Dans ce contexte, l’Ethiopie s’affirme comme l’acteur régional clé de ce dossier, tandis que le Kenya a beaucoup perdu de son influence depuis l’été 2012.
La perspective d’une reconnaissance internationale du Somaliland n’existant plus depuis la conférence de Londres, cet Etat autoproclamé est entré en pourparlers avec la Somalie sous l’égide de la Turquie. Son principal atout diplomatique demeure le soutien que l’Ethiopie ne manque pas de lui accorder pour des raisons géopolitiques assez claires : accès à la mer et rapport de force avec la Somalie.
Soucieux de préserver sa crédibilité interne, l’exécutif somalilandais ne pourrait toutefois accepter un processus de réunification qu’en échange d’une forte représentation de ses intérêts à Mogadiscio (poste de Premier ministre notamment) et de la préservation de son autonomie. Ces deux exigences sont naturellement partagées par l’Ethiopie.
Dans ce contexte de rapprochement entre Mogadiscio et Hargeisa, des entreprises de BTP chinoises ont obtenu le premier marché de construction d’un axe routier reliant la Somalie (en l’espèce le Puntland) au Somaliland.
Parallèlement, Addis Abeba et Hargeisa souhaitent que le port de Berbera puisse être rapidement modernisé, de façon à réduire la dépendance de l’Ethiopie à l’égard de Djibouti, en matière d’approvisionnements, et à conforter l’autonomie du Somaliland.