Entretien avec Stéphane Papillon, officier de sûreté du Club Med 2.
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Le Club Med 2 bascule pour l’hiver en « version Caraïbes ». Comment cela est-il organisé ?
Comme chaque année, aux alentours de la fin octobre, le Club Med 2 quitte la Méditerranée pour prendre ses quartiers d’été dans les Caraïbes. C’est le rituel de nombreux navires de croisière dont les destinations suivent le soleil. Pour le Club Med 2, cette « transhumance maritime » est également rythmée par le changement d’une partie de l’équipe GO (Ndlr, Gentils Organisateurs / hôtellerie) qui embarque soit pour la saison d’été soit pour la saison d’hiver.
Quel va donc être le programme du bateau dans les Caraïbes ?
Après une dernière croisière de la saison été qui nous emmènera de Marseille à Malaga en passant par Sète, Mahon, Palma de Majorque, Carthagène et Alicante, nous nous dirigerons vers Tanger qui sera notre dernière escale en Méditerranée. Puis direction Madère et c’est de Funchal que nous entamerons notre énième Transat.
Cette dernière durera neuf jours pendant lesquels, décalage horaire faisant, nous dormirons une heure de plus tous les deux jours. Nous commencerons à sortir les lunettes de soleil et les crèmes solaires voire la Biafine pour les « visages pâles » à tendance rouquins, et enfin nous arriverons à la Barbade qui sera, cette année, notre porte d’entrée pour les Caraïbes. Couleurs et paysages de carte postale, plages de sable blanc, cocotiers et ti punchs les pieds dans l’eau, c’est là que commence la vraie vie sous les tropiques voire la vraie vie tout court…
Y a-t-il dans ce programme des lieux que vous ne connaissez pas ?
La Martinique, la Guadeloupe, Sainte Lucie, la Barbade, Tobago Cays, Bequia, Curaçao, Aruba, Bonaire, Grenade, la Dominique, Saint Barth, Saint Martin, les Saintes, Marie Galante, Virgin Gorda, Antigua et enfin Saint Kitts et Nevis sont des îles qui ont chacune leur identité propre et dont je me régale à l’avance d’y retourner. Mais il n’y aura pas de nouveauté pour moi car je les ai déjà toutes faites dont certaines plusieurs dizaines de fois.
Vous réalisez donc une nouvelle traversée de l’Atlantique pour rejoindre les Caraïbes. Combien de fois avez-vous déjà fait cette traversée (avec le Club Med 2 ou autrement). Ces traversées se ressemblent-elles ?
Je n’ai jamais vraiment compté mais je pense que cela doit être aux alentours d’une quinzaine. Se ressemblent-elles ? Pas forcément car plusieurs facteurs font qu’elles peuvent être très différentes.
Le premier est bien évidemment la météo.
Une transat par beau temps et mer calme n’est pas du tout ressentie de la même façon qu’une transat version vagues de six mètres, pluie et petits sacs à vomi… Le deuxième facteur est directement lié à la clientèle, surtout sur ce type de navigation de plusieurs jours. Cela se ressent par l’ambiance et l’atmosphère que dégagent les passagers et qui peut varier d’une année sur l’autre. Le sens de la transat peut également exercer une influence sur l’ambiance générale : Méditerranée vers Caraïbes donc vers la chaleur ou Caraïbes vers Méditerranée en retour vers l’Europe…
Le Club Med 2 est le plus grand voilier du monde et certainement aussi l’un des plus beaux. Y a-t-il une « magie » Club Med 2 ?
Plus qu’une magie, ce bateau a une âme que tout le monde peut assez rapidement ressentir et qui est encore plus palpable par les membres d’équipage qui, pour certains, sont à bord depuis de nombreuses année
Depuis combien de temps êtes-vous officier de sûreté à bord du Club Med 2 et quel a été votre parcours pour exercer, aujourd’hui, cette mission exigeante ?
C’est en 1992 que j’ai posé la première fois les pieds sur ce bateau qui venait d’arriver à Nouméa à l’issue de sa croisière inaugurale.
J’aime à dire qu’il sentait encore la peinture. C’est après une carrière courte d’une quinzaine d’année dans la Marine nationale, plus exactement « la Royale », avec la spécialité de Commando Marine que l’opportunité de travailler sur ce bateau m’a été proposée par le bureau de reclassement de cette même Marine nationale.
Si l’on enlève une pause d’une dizaine d’années consacrée à d’autres activités, on peut dire que cela fait vingt ans que je navigue à bord de ce bateau et du Paul Gauguin. Je précise que nous sommes bien à bord en tant que membre d’équipage et non en tant que prestataire extérieur comme beaucoup de personnes pourraient le penser.
Vous avez repris la Minute Papillon sur Marine & Océans et nous en sommes très heureux. Comment vous est venue cette idée et quel est son objectif ?
L’idée de cette Minute m’est venue à la suite de publications sur mes différentes escales que je postais régulièrement sur Facebook mais qui étaient parfois sujettes à controverse car je m’écartais avec grand plaisir, on peut même dire parfois avec gourmandise, de la simple présentation touristique en profitant de ma microscopique notoriété pour faire passer quelques messages personnels. Je me souviens notamment d’un de mes commentaires un peu légers, à une époque où beaucoup de personnes se posaient la question, sur la façon de prononcer le nom de la formation politique Nupes… J’avais alors dit que cela devait se prononcer comme Herpès car cela ne concernait principalement que les glands… Tollé général notamment de la part du Club Med qui n’avait que moyennement apprécié ce post. J’ai donc décidé de passer à un format oral, axé sur la découverte, que je m’amuse à faire même si cela prend tout de même du temps…mais cela tombe bien, j’en ai… Sachant que cela me fait plaisir à faire et que de nombreuses personnes me disent, ou me font savoir, qu’elles apprécient ces Minutes, on est dans une formule gagnant-gagnant. L’objectif est d’offrir à celles et ceux qui me suivent quelques secondes d’évasion quotidiennes pour leur faire oublier les problèmes du moment et la morosité de l’actualité.
Quelles vont être, selon vous, les plus belles Minutes de cette nouvelle série ?
Difficile à dire car ce sont rarement celles auxquelles je pense et qui me plaisent le mieux qui obtiennent le plus de « succès ». Ce sera donc la surprise.