Le Premier ministre Manuel Valls a annoncé lundi la mise en place d’un « fonds d’extrême urgence » de « plusieurs millions d’euros » pour les sinistrés « sans ressources ayant tout perdu », en attendant les indemnisations des assureurs.
La secrétaire d’Etat à l’Aide aux victimes Juliette Méadel a elle appelé dimanche soir les compagnies d’assurance à alléger les formalités, afin de faciliter la tâche des sinistrés.
L’état de catastrophe naturelle, qui devrait être déclaré mercredi en Conseil des ministres, permettra aux habitants des communes concernées d’être indemnisés même si leur contrat n’incluait pas le risque inondation.
Les frais liés à cette extension sont couverts par une surprime payée par tous les assurés, qui s’élève à 12% sur les contrats multirisques habitation et à 6% pour les contrats automobile.
Ces crues auront « des conséquences lourdes » pour les zones touchées « mais pas pour l’économie française », a cherché à rassurer dimanche le ministre des Finances Michel Sapin, interrogé au Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro.
Assurance
Une première estimation de l’Association française des assurances (AFA) indique au-moins 600 millions d’euros – le montant des primes versées après les crues d’octobre 2015.
La Maif elle avance un coût proche de 2 milliards d’euros, les inondations étant plus étendues géographiquement et la décrue à prévoir plus lente que lors des intempéries de l’an passé.
Le conseil départemental de Seine-et-Marne évoque un millier d’entreprises touchées, « dont 300 à 500 avec un risque sur la pérennité de l’entreprise ». A Nemours, « près de 200 commerces sont sinistrés », selon la mairie.
Les organisations patronales demandent des mesures de soutien, comme l’étalement des échéances fiscales et sociales. Une réunion est prévue mardi à Bercy.
Pour les commerces de proximité, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron doit convoquer une « cellule de continuité économique » qui « va arrêter des mesures d’aide exceptionnelles » pour permettre le démarrage des activités « le plus vite possible ».
Collectivités
En Seine-et-Marne, 220 communes ont été touchées selon le département qui a déjà débloqué « une enveloppe d’urgence de 600.000 euros pour l’hébergement des sinistrés et l’aide de premier niveau pour le retour à la normale ».
Le département évalue à 300.000 euros le coût du nettoyage massif des communes.
La seule ville de Longjumeau (Essonne) évalue ses dégâts à 2,8 millions d’euros: véhicules municipaux endommagés, mobilier urbain, passerelles sur la rivière Yvette et aires de jeux sur lesquelles il va falloir faire des diagnostics, réseau d’assainissement. Le plus gros poste, selon elle: la voirie, ravinée par les eaux.
A Paris, le dispositif crue est pris en charge par les moyens humains et techniques de la ville, « donc ne représente pas de frais supplémentaires ». Il en sera de même pour le nettoyage, « sauf à découvrir des dégâts particuliers à la décrue », explique-t-on.
Tourisme
En début de période estivale, le tourisme est l’un des plus touchés.
A Paris, le musée du Louvre est fermé jusqu’à mardi inclus et Orsay, jusqu’à mardi matin. Outre le manque à gagner en terme de billetterie, les deux musées ont dû mobiliser du personnel pour mettre à l’abri les oeuvres menacées par la montée des eaux.
C’est « un coup dur » aussi pour le tourisme fluvial et le transport de marchandises, selon le comité des armateurs fluviaux. D’autant que la crue fait suite aux attentats qui avaient déjà entraîné une baisse d’activité entre 30 et 50%.
Interdiction de naviguer pour les bateaux-mouches qui promènent 8 millions de touristes par an (plus de 20.000 par jour en moyenne), et parfois les restaurent. « Nous indemnisons tous les clients. En revanche, nos charges d’exploitation sont les mêmes », faisait remarquer Didier Léandri, président du comité des armateurs.
Plusieurs châteaux de la Loire, construits sur les berges du fleuve ou de ses affluents, ont dû fermer leurs portes et de nombreuses annulations de touristes ont été enregistrées par les hôtels de la région.
Dans le Loir-et-Cher, Chambord, le plus grand et le plus célèbre des châteaux de la Loire, est resté fermé au public durant cinq jours et n’a rouvert que lundi. Le coût de l’interruption d’activité est estimé à 30.000 euros par jour.
Agriculture
Des « dizaines de milliers d’hectares » dans le Centre Val-de-Loire et le bassin parisien ont été touchés, selon Xavier Beulin, président de la FNSEA, interrogé par l’AFP.
« Pour les terres encore submergées aujourd’hui et où il n’y aura pas de récolte derrière, c’est une perte de 1.000 à 1.500 euros à l’hectare suivant la culture, entre un maïs ou des céréales », a-t-il précisé.
Une réunion est prévue lundi au ministère de l’Agriculture.
Pour les maraîchers, ces pluies excessives ont plus d’impact qu’une crue en hiver car au printemps ce sont les plants prêts à être vendus qui sont concernés. Ainsi les fraises de plein champ et les salades sont dévastées.
Transports
La SNCF prévoit que les dégâts sur son réseau coûteront « des dizaines de millions d’euros », selon une porte-parole.
Le coût de ces phénomènes naturels ne peut pas encore être estimé avec précision car l’entreprise n’a pas encore « accès aux installations », mais sait déjà que « les infrastructures sont très abîmées ».
Le coût le plus important pour la SNCF sera lié au RER C dont la circulation est interrompue depuis jeudi dans Paris sur la partie de la ligne en contrebas de la Seine entre les stations gare d’Austerlitz et Javel.
« Le jour où la voie sera à sec, quand la décrue sera faite, il faudra 48H00 de travaux pour remettre en service normal », a rappelé Guillaume Pepy, président de la SNCF.
A10
L’Autoroute A10 coupée par quatre nappes d’eau au nord d’Orléans a dû être fermée partiellement depuis mardi matin.
Et Vinci, propriétaire du concessionnaire Cofiroute, a dû organiser un chantier gigantesque pour évacuer 300 véhicules bloqués. Il a fallu monter une digue de 800 m de long avec 3.000 sacs de gravats de 2 tonnes chacun, puis assécher la route à l’aide de pompes, et organiser dimanche un va-et-vient de dépanneuses pour remorquer tous ces véhicules.
D’importants moyens techniques et humains (300 salariés) ont été mobilisés que Vinci ne chiffre pas dans l’immédiat.
Le groupe de BTP créé en outre un bassin de rétention de 5.000 m2 pour y évacuer l’eau qui stagne toujours sur la chaussée.
Energie
Plusieurs milliers de foyers ont été privés d’électricité de quelques heures à plusieurs jours. Enedis (Ex-ERDF) n’était pas en mesure dimanche d’indiquer le nombre de foyers affectés au total, mais a précisé qu’au plus fort de la crise 25.000 foyers étaient touchés.
L’entreprise a mobilisé 700 salariés pour rétablir le courant.
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VINCI