« Les dernières escales demandées sont en cours de révision en fonction des informations que nous recevons de nos alliés et des autorités russes », a fait savoir le ministère espagnol des Affaires étrangères, dans un courrier électronique.
Cette déclaration confirme implicitement les informations selon lesquelles certains navires de ce groupe devaient se ravitailler à Ceuta, une enclave espagnole en territoire marocain qui fait face à Gibraltar.
Le ministère ajoute que des bâtiments russes font escale depuis des années dans les ports espagnols et que chaque escale est autorisée au cas par cas, en tenant compte en premier lieu de la sécurité de l’environnement et de la ville et la population concernées.
La Russie avait annoncé à la mi-octobre que son porte-avions Amiral Kouznetsov et son escorte se dirigeaient vers la Syrie, avec des avions et des hélicoptères de combat, pour renforcer la présence militaire russe dans cette zone.
Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg s’est inquiété mardi de la participation possible de ce groupe aéronaval aux bombardements en Syrie.
« C’est à chaque pays de décider si ces navires peuvent être ravitaillés dans différents ports en route pour l’est de la Méditerranée », a-t-il déclaré. Mais « je crois que tous les membres de l’Otan sont conscients que ce groupe peut être utilisé pour mener des attaques aériennes sur Alep et la Syrie ».
La Grande-Bretagne a été plus directe. « Le gouvernement de sa majesté a exprimé précédemment son inquiétude au gouvernement espagnol quant à l’hospitalité qu’il accorde à la marine russe », a déclaré mardi soir un porte-parole britannique. Il a cependant rappelé que c’était à Madrid de décider à qui il donne l’accès à ses ports.
Pour le président du groupe libéral au parlement européen, Guy Verhofstadt, réagissant sur Twitter, « il est scandaleux que l’Espagne, membre de l’Otan et de l’UE, permette à la flottille russe Kouznetsov de refaire le plein et recevoir une assistance technique sur son territoire ». Il rappelle que le gouvernement espagnol avait signé la semaine dernière une déclaration du Conseil européen accusant la Russie de crimes de guerre en Syrie.
L’Espagne, membre de l’Otan, permet aux navires de guerre russes des escales à Ceuta. Le think-tank conservateur américain Heritage Foundation avait recensé à fin août 2015 les visites de 57 bâtiments russes dans le port espagnol.
Il dénonçait alors le fait que ces escales se soient poursuivies après l’annexion de la Crimée par Moscou en mars 2014 et relevait que la Grèce, autre membre de l’Otan, et Malte, membre de l’Union européenne mais pas de l’Alliance atlantique, ouvraient aussi leurs ports à la marine russe.
Le groupe aéronaval russe est suivi par des bâtiments espagnols lors de son passage de l’Atlantique à la Méditerranée, a fait savoir l’état-major de la Marine espagnole sur sa page internet.