Après neuf mois d’opérations en Méditerranée, l’Aquarius, qui est resté sans discontinuer au large de la Libye, a réalisé 42 opérations de sauvetage, a annoncé l’association lundi à Marseille. Il a participé au sauvetage de 10.090 personnes depuis le 7 mars 2016, dont un quart de mineurs, beaucoup non-accompagnés.
« Il n’y a pas de saison pour les migrations », a insisté Sophie Beau, co-fondatrice et directrice générale de SOS Méditerranée. « Cet été, il y avait jusqu’à 11 bateaux de sauvetage, mais depuis aujourd’hui nous sommes seuls ».
L’Aquarius est le seul navire humanitaire privé qui prévoit de passer l’hiver en mer, aux côtés des bâtiments militaires de l’UE, Sophia et Triton.
« Les passeurs prennent de plus en plus de risques et partent même par temps de houle, avec des canots de moins en moins bonne qualité, voire des bateaux en bois », a expliqué Stéphane Broc’h, marin-sauveteur tout juste débarqué de l’Aquarius, qui s’inquiète notamment des cas d’hypothermie en hiver.
Pour affréter son navire qui compte 11 membres d’équipages, 10 sauveteurs et près de dix personnels de Médecins sans frontières, et pour patrouiller dans une zone « plus grande que la Corse », SOS Méditerranée a besoin de 4 millions d’euros par an.
« Nous avons de quoi tenir jusqu’en février, mais pas au-delà », a martelé Jean-Yves Abecassis, responsable de la sensibilisation. L’association fonctionne « à 99% avec des dons privés, pour la plupart de simples citoyens », a-t-il rappelé.
SOS Méditerranée relève que l’axe maritime entre la Libye et l’Italie est devenu, depuis la fermeture de l’axe Turquie-Grèce, la première route migratoire en mer. Avec 4.699 morts, « 2016 est d’ores et déjà l’année la plus meurtrière de l’histoire de la Méditerranée », annonce l’association.
En 2016, 173.000 migrants, pour la majorité en provenance d’Afrique via la Libye, sont arrivés sur les côtes italiennes, un record.