Il s’agit d’une des peines les plus lourdes imposées en Corée du Sud à un dirigeant d’entreprise pour une infraction en lien avec la conduite de ses affaires.
La condamnation de Ko Jae-Ho est l’illustration parfaite de la débandade de Daewoo, qui fut naguère un des plus grands conglomérats du pays.
En proie à des difficultés financières, il avait été dissous à la fin des années 1990 en plusieurs entités. Le chantier naval était la plus importantes de celles-ci portant toujours le nom de Daewoo.
Avec ses concurrents sud-coréens Hyundai Heavy Industries et Samsung Heavy Industries, DSME a dominé pendant plus de 10 ans le marché mondial de la construction navale.
Mais le ralentissement économique mondial couplé à la dégringolade des cours du pétrole ont sapé la demande en pétroliers et en porte-conteneurs. Parallèlement, la concurrence régionale, en particulier avec la Chine, et les surcapacités ont réduit les marges de rentabilité.
Le tribunal du district central de Séoul a déclaré mercredi M. Ko coupable d’avoir manipulé les résultats financiers de son groupe en 2013 et 2014 -quand il en était le PDG- afin d’obtenir des prêts bancaires.
« L’accusé était conscient de fraudes comptables massives mais ne les a pas corrigées », a indiqué le tribunal dans un communiqué.
« Son intention frauduleuse est suffisamment caractérisée, et il est aussi coupable de ne pas avoir redressé » la situation.
La révélation de la fraude avait entraîné la dégradation de la note du groupe, son plongeon boursier, et de lourdes pertes pour ses actionnaires.
Des commissaires aux comptes avaient demandé en janvier 2016 au parquet d’ouvrir une enquête. Plus de 400 actionnaires avaient également porté plainte contre la société, réclamant 21 millions de dollars de dédommagements.
Le constructeur est accusé d’avoir sous-évalué ses pertes pour 2013 et 2014 de deux milliards de dollars, et d’avoir reporté cette somme sur le bilan 2015.
En 2015, DSME a annoncé des pertes nettes de 5.100 milliards de wons (4,4 milliards de dollars), soit six fois plus que l’année précédente.
« L’ampleur de la fraude est énorme », a estimé le tribunal. Un ex-vice-président du groupe a été condamné à sept ans de prison.
La Korea Development Bank (KDB) -le plus gros actionnaire du chantier naval- et la Export-Import Bank avaient annoncé en novembre l’injection de l’équivalent de 2,4 milliards de dollars dans DSME.
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DAEWOO SHIPBUILDING & MARINE ENGINEERING
HYUNDAI HEAVY INDUSTRIES