La Norvège choisit l’Allemagne plutôt que la France pour ses sous-marins

Le royaume scandinave va nouer un « partenariat stratégique » avec l’Allemagne qui verra notamment les deux pays procéder à l’achat conjoint de submersibles, a annoncé la ministre de la Défense, Ine Eriksen Søreide, sans fournir le montant estimé du contrat final dont la signature est prévue en 2019.

« La coopération et l’achat commun avec l’Allemagne apparaissent comme le meilleur choix », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Oslo.

L’allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) prend ainsi une petite revanche contre DCNS qui lui avait soufflé un mégacontrat en Australie. Le groupe détenu à 62% par l’État français avait remporté en avril dernier une commande estimée au total à 34 milliards d’euros pour la livraison de 12 sous-marins d’attaque à la marine australienne.

Dans le cadre du nouveau partenariat, l’Allemagne, elle, acquerra deux unités identiques dérivées du modèle 212, déjà en service dans sa flotte et en Italie, ce qui permettra des économies d’échelle.

DCNS, qui proposait le Scorpène, a dit regretter mais respecter le choix norvégien. « Nous restons disponibles pour reprendre les discussions notamment dans l’hypothèse où la coopération envisagée avec le gouvernement allemand n’aboutirait pas », a réagi le groupe dans un communiqué.

De son côté, TKMS s’est dit « fier d’avoir remporté cet important contrat ». « Le fait que TKMS puisse livrer un sous-marin déjà existant et déjà utilisé avec succès a été un critère important dans la décision, car cela évite un projet de développement coûteux », a souligné la division de ThyssenKrupp dans un communiqué.

Pays membre de l’Otan, la Norvège partage dans l’Arctique une frontière avec la Russie qu’Oslo juge « de plus en plus imprévisible », notamment à la lumière de la crise ukrainienne.

Pour tenter de dissuader tout effort de déstabilisation, le pays scandinave est actuellement engagé dans un effort de défense qu’il qualifie d' »historique ». Son gouvernement a annoncé en juin l’octroi de 165 milliards de couronnes (17,5 milliards d’euros) supplémentaires sur 20 ans à ses forces armées.

L’effort de modernisation en cours porte sur trois axes majeurs: l’achat de jusqu’à 52 chasseurs-bombardiers F-35 en remplacement de F-16 vieillissants, l’acquisition de cinq appareils de surveillance maritime P-8 Poseidon destinés à détecter les sous-marins, et le renouvellement de la flotte sous-marine.

Les quatre nouveaux sous-marins viendront remplacer six unités –déjà de construction allemande– de la classe Ula, entrés en service entre 1989 et 1992. Leur arrivée dans la flotte norvégienne est prévue à la fin de la prochaine décennie.

Oslo avait présélectionné TKMS et DCNS parmi six groupes en avril dernier. Le contrat final devra encore être entériné par le Parlement.

bur-phy/cbw/gde

THYSSENKRUPP

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