Saint-Louis du Sénégal: risques climatiques et patrimoine en danger

Voici un état des lieux de la cité où s’est rendu samedi le président français Emmanuel Macron:

– Environnement: la menace de l’eau –

Saint-Louis (Ndar, de son nom en wolof), située à 270 km de Dakar, subit les assauts combinés de l’océan Atlantique et du fleuve Sénégal.

Le phénomène est particulièrement sensible dans les quartiers de pêcheurs situés sur la « langue de Barbarie », une étroite bande sablonneuse s’étendant entre l’océan et le fleuve, à l’embouchure duquel la ville a vu le jour au XVIIe siècle.

Sous l’assaut des vagues, des maisons de pêcheurs, des écoles et des hôtels s’y sont effondrés, forçant des habitants à trouver refuge à l’intérieur des terres, alors que la montée du niveau des océans provoquée par le changement climatique risque de renforcer le danger.

La seconde menace provient du fleuve Sénégal. Pour éviter une submersion de la ville après des pluies torrentielles, les autorités ont fait percer, en 2003, un canal d’évacuation dans la langue de Barbarie, à quelques kilomètres au sud de l’agglomération.

Large à l’origine de quatre mètres, cette brèche atteint à présent une vingtaine de kilomètres.

Cet élargissement incontrôlé a fait disparaître plusieurs villages et profondément modifié l’écosystème local en provoquant la salinisation des eaux du fleuve et la diminution des sites de nidification des oiseaux migrateurs.

Son coût humain est également important, puisque des centaines de pêcheurs ont perdu la vie en empruntant le canal, traversé de forts courants.

Les travaux à entreprendre pour protéger les habitations, voire endiguer l’élargissement de la brèche, divisent les experts et risquent d’entraîner des coûts astronomiques. Le président Macron a promis une aide de 15 millions d’euros contre l’érosion côtière.

– Histoire: un patrimoine à préserver –

L’architecture coloniale de Saint-Louis lui vaut de figurer au patrimoine mondial de l’Unesco et continue à attirer les touristes. Mais les façades décrépies du coeur historique et les murs fissurés de sa cathédrale soulignent le déclin de la ville.

Fondée en 1659, Saint-Louis a pourtant un passé riche: son fort a été la tête de pont de la conquête coloniale française au sud du Sahara. La ville fut ensuite la capitale de l’Afrique-Occidentale française (1895-1902) et celle du Sénégal jusqu’en 1957.

Le gouvernement sénégalais a lancé des programme de restauration dont les résultats tardent toutefois à se concrétiser. M. Macron a promis 25 millions d’euros pour la préservation du patrimoine.

– Pêche: un conflit avec la Mauritanie –

Des pêcheurs de Saint-Louis ont annoncé leur intention d’interpeller le président français sur le conflit qui les oppose depuis des années à la Mauritanie.

Il y a une semaine, un jeune pêcheur sénégalais de 19 ans a été tué par des garde-côtes mauritaniens à la frontière entre les deux pays, que les pirogues sénégalaises franchissent régulièrement (et illégalement) pour pallier la diminution des stocks dans leurs eaux territoriales.

En 1989, la France avait joué un rôle de médiation lors d’un conflit entre les deux pays.

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