La fusée réutilisable Falcon 9 a décollé sans problème de la base militaire de Vandenberg en Californie, avec à son bord le précieux chargement de la paire de satellites, fruit d’un partenariat entre l’Allemagne et l’agence spatiale américaine (Nasa), ainsi que de cinq satellites du réseau de communication Iridium.
La fusée a d’abord placé en orbite, après onze minutes de vol à une altitude d’environ 500 km, les satellites de la mission GRACE-FO. Puis les satellites Iridium seront lâchés un peu plus loin, au bout d’une heure de vol environ.
Les satellites prendront le relais de ceux de la mission GRACE qui, de 2002 à l’an dernier, ont survolé la Terre pour établir une carte mensuelle des changements de volume d’eau.
Comment des satellites peuvent-ils « voir » ou « peser » l’eau sur la planète depuis l’espace? En utilisant la gravité.
Les deux satellites, chacun de la taille d’une voiture, voleront à 220 km de distance l’un de l’autre. Les moindres variations de masse sous eux (une montagne, un lac, de la glace, des aquifères…) provoqueront un changement infime de gravité, modifiant momentanément la distance séparant les deux satellites, mesurée au micron près.
C’est en enregistrant continuellement ces variations de distance que les scientifiques de la mission en déduiront les variations de masse sur la Terre, que ce soit au-dessus ou en-dessous de la surface.
Or ces changements de masse, d’un mois sur l’autre, pourront n’être provoqués que par des changements liés à l’eau: de la glace qui fond et passe dans les océans; de l’eau qui s’évapore; de la pluie qui vient regonfler des nappes phréatiques.
La méthode fonctionne à merveille, et les scientifiques de la mission précédente GRACE ont produit nombre de cartes quantifiant exactement combien de glace a fondu au Groenland (280 milliards de tonnes par an de 2002 à 2016), ou de combien d’eau supplémentaire les réserves du delta de l’Okavango, au Botswana, se sont regonflées (29 milliards de tonnes par an).
La mission relais, baptisée GRACE-FO pour « Follow On » (suite), permettra de suivre ces tendances dans le temps.
Pour SpaceX, ces lancements de satellites sont devenus routiniers. C’est le dixième tir de l’année, et le premier étage de la fusée de mardi avait déjà été utilisé en janvier. Cette fois, il ne sera pas récupéré.