A Beyrouth, un barbier ambulant ressucite une vieille tradition

Pour mener sa mission quotidienne à bien, ce jeune homme (18 ans) a tout prévu, a minima: un coffre fait à la main attaché à l’arrière de son vélo contient ciseaux, peignes, rasoirs électriques, brosses…

« C’est beau, ca se passait comme ca au bon vieux temps, » dit-il, en parcourant le quartier animé de Bourj al-Barajneh. Son vrai nom est Mohammad Khaled Jahjah, mais il préfère celui d’Abo Tawila (« le grand »), devenu un surnom réputé.

Ces barbiers mobiles étaient autrefois omniprésents à Beyrouth, mais au fil du temps, ils ont quasiment disparu au profit des salons réguliers.

« Les gens aiment ça, et j’aime tout ce qui est ancien. Si jamais j’ai la chance d’ouvrir un salon de coiffure, ce sera un millésime », dit Abo Tawila à l’AFP.

Pragmatisme oblige, il jongle entre le moderne et l’antique. Il passe l’essentiel de sa journée dans un salon de coiffure conventionnel avant d’arpenter à vélo les ruelles de la ville. Certains l’arrêtent pour une coupe de cheveux, tandis que des amis et des curieux l’interpellent pour discuter.

« Quand j’étais petit, j’aimais observer le coiffeur près de la maison parentale, je revenais de l’école, je posais mon sac à dos et j’allais tout de suite dans son salon », raconte Abo Tawila.

« Un jour, il m’a proposé de travailler à mi-temps après l’école, mais j’ai décidé de quitter les études pour m’investir pleinement. C’est lui qui m’a appris le métier », dit-il encore.

– Fidèle à son vélo –

Ce coiffeur est devenu une célébrité dans le sud de Beyrouth. Mince, grand, élégamment vêtu, il a l’esprit vif.

« Je suis tellement heureux qu’il soit là », lance Abou Saïd, l’un de ses clients préférés. « Il a du talent et il est toujours disponible, quand j’ai un peu de temps, je l’appelle et il vient immédiatement », explique-t-il à l’AFP.

« En plus de tout cela, il nous rappelle les barbiers de la belle époque ».

Tous les matins, Abo Tawila enfile sa tenue de travail et s’installe dans un café avant de démarrer sa journée. A ses quarts d’heure libres ou lorsque le salon est vide, il enfourche son vélo pour trouver des clients. Leur nombre varie de cinq à 30 chaque jour.

« L’activité est moins intense, par exemple, durant le ramadan, note-t-il, en allusion au mois sacré du jeûne musulman. « A la veille de l’aïd, je ne dors presque pas tant les clients sont nombreux! ».

Bien qu’il rêve d’ouvrir sa propre boutique, Abo Tawila insiste vouloir rester fidèle à son vélo.

« Si un jour j’ouvre mon propre salon, je garderai toujours cette bicyclette. C’est elle qui m’a propulsé ».

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