« Une attaque militaire ou un siège touchera des centaines de milliers de civils innocents », a dit Lise Grande dans un communiqué, dans lequel l’ONU estime à jusqu’à 600.000 le nombre de civils dans Hodeida et autour.
« Dans les pires des cas, nous craignons que plus de 250.000 (d’entre eux) puissent tout perdre, même la vie », a mis en garde Mme Grande.
Hodeida, sur la mer Rouge, est le principal point d’entrée des importations de marchandises et de l’aide humanitaire au Yémen, pays au bord de la famine et frappé par le choléra, qui vit « la pire crise humanitaire du monde » selon l’ONU.
Les troupes progouvernementales, appuyées par la coalition militaire commandée par l’Arabie saoudite, se rapprochent de cette ville portuaire d’où elles cherchent à chasser les Houthis, soutenus par l’Iran.
La coalition affirme que Hodeida est un point de départ pour des attaques rebelles en mer et le lieu par lequel l’Iran livrerait des armes aux Houthis, ce que Téhéran dément.
« Notre priorité est de répondre aux besoins de 22 millions de Yéménites en aide humanitaire et en protection », a affirmé la coordinatrice de l’ONU. Or une « coupure des importations via Hodeida pour une longue période fera courir à la population yéménite un risque injustifié », a-t-elle dit.
Selon l’ONU, « près de 70% des importations yéménites, y compris les aides humanitaires et les médicaments, transitent par ce port et celui de Salif, juste au nord ».
Le médiateur de l’ONU au Yémen Martin Griffiths avait exprimé les mêmes préoccupations mardi à l’issue d’une visite à Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par les rebelles.
« Outre les conséquences humanitaires d’une bataille, je suis aussi très inquiet concernant l’impact d’une telle attaque sur le processus politique » que l’ONU est « déterminée à faire avancer », a dit M. Griffiths.
Le médiateur onusien a par ailleurs appelé « toutes les parties » au conflit à créer « un environnement favorable à la reprise » de négociations politiques.
Outre Hodeida et Sanaa, les Houthis, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme), contrôlent depuis fin 2014 de vastes régions du nord et de l’ouest.
Depuis 2015, le conflit au Yémen a fait près de 10.000 morts et plus de 55.000 blessés.