Les petits pêcheurs sont outrés du faible nombre de permis de pêche au thon rouge qui doit leur échoir en 2013 ainsi que d’un allongement de la période d’interdiction de pêche à l’anguille, a expliqué Bertrand Cazalet, secrétaire du Syndicat professionnel des pêcheurs petits métiers du Languedoc-Roussillon (SPMLR). Le syndicat revendique 400 des quelque 600 « petits métiers » de la région, ces indépendants travaillant pour la plupart seuls sur un bateau de moins de douze mètres.
L’activité de certains de ces petits pêcheurs dépend directement du thon ou de l’anguille; mais les « petits métiers » sont essentiellement des polyvalents pour lesquels le thon et l’anguille représentent un appoint susceptible de garantir la survie de leur entreprise, dit M. Cazalet.
Selon M. Cazalet, la France aura droit en 2013 à 2.400 tonnes de thon. C’est 1.500 de plus qu’en 2012 grâce à la fin d’un système pénalisant imposé pendant trois ans par l’Union européenne et les instances internationales compensant la surpêche des années précédentes. Les thoniers senneurs industriels continueront à prélever la part du lion du quota français; la part allouée aux « petits métiers » de Provence-Alpes-Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon et Corse passera, elle, de 98 à 230 tonnes, mais l’administration ne devrait leur délivrer qu’une dizaine de permis supplémentaires, en plus des 70 déjà octroyés, s’émeut le SPMLR.
Quant à l’anguille, très menacée à la différence du thon dont les effectifs se reconstituent selon M. Cazalet, la période d’interdiction de pêche devrait s’allonger d’au moins un mois, ne permettant plus la pêche que pendant sept mois de l’année, dit-il.
Les petits patrons, dans une situation « critique », sont las de consentir des efforts pour la préservation de la ressource, de voir le nombre des unités de pêche diminuer à cause des plans de sortie de flotte, et d’avoir l’impression de payer les excès passés de la pêche industrielle, déclare-t-il.
Aussi vont-ils en 2013 « boycotter toutes les règles et se mettre en opposition frontale avec ces règles » en allant pêcher sans permis, sans quota et hors périodes d’ouverture, dit-il. Il s’agit de causer « un électrochoc », au risque de s’exposer à des sanctions, dit-il.
Il laisse cependant entendre que les « petits métiers » pourraient ne pas en arriver là: la pêche au thon rouge commence en juin, l’interdiction pour l’anguille entre en vigueur à l’automne, il reste donc quelques mois pour obtenir par exemple davantage de permis de pêche.