La cérémonie de mise à flot, célébrée en grandes pompes, a eu lieu en présence du président Michel Temer et de son successeur Jair Bolsonaro, qui prendra ses fonctions le 1er janvier.
Elle s’est déroulée dix ans après la signature du contrat de 6,7 milliards d’euros remporté par le groupe français DCNS (aujourd’hui Naval Group), prévoyant notamment des transferts de technologie et la construction d’un chantier naval ultra-moderne.
« Ce moment restera gravé à jamais dans l’histoire de notre pays. Ce premier sous-marin de fabrication nationale est une fierté pour tous les Brésiliens. Ce programme ne vise pas à perturber la paix maritime, mais à défendre notre souveraineté et nos richesses naturelles », a déclaré en français le président Temer.
« Il s’inscrit également dans une politique de développement technologique du Brésil », a-t-il poursuivi.
Baptisé du nom d’une bataille navale remportée par l’armée brésilienne au XIXe siècle, le sous-marin de type « Scorpène », muni de torpilles lourdes et de missiles, mesure 72 mètres de long et pèse près de 1.800 tonnes.
Rutilant sous le soleil, orné de grandes cocardes aux couleurs jaune et bleu du Brésil, le submersible est descendu lentement vers la mer à l’aide d’un gigantesque ascenseur dont le mécanisme a été symboliquement actionné par M. Temer.
Auparavant, il avait été baptisé au champagne, sous un tonnerre d’applaudissements, par la Première dame, Marcela Temer.
– « Gisements de pré-sal » –
« C’est dix ans de travail et surtout dix ans de confiance avec la Marine brésilienne pour avoir construit à partir de rien, dans un endroit où il y avait juste des marais, un atelier de construction de sous-marins », s’est félicité auprès de l’AFP Hervé Guillou, le PDG de Naval Group.
Un chantier naval qui a « pour vocation de recevoir de nombreux autres projets à l’avenir, nous permettant de fournir des équipements à des pays alliés », a souligné l’Amiral Bento Costa Lima Leite, responsable du programme nucléaire de la Marine et futur ministre des Infrastructures de Jair Bolsonaro.
La construction du « Riachuelo » entre dans un ambitieux programme baptisé Prosub, qui a pour but d’assurer au Brésil, grâce à une nouvelle flotte de cinq nouveaux sous-marins, la protection de ses 8.500 kilomètres de côtes et de ses gisements de pétrole en eaux très profondes.
Trois autres sous-marins conventionnels sont actuellement construits à Itaguai et doivent être mis à flot respectivement en 2020, 2021 et 2022. Ils remplaceront les cinq submersibles conventionnels que le pays possède, construits en collaboration avec l’Allemagne entre 1980 et 1990.
Dotés d’une meilleure autonomie, ils permettront d’assurer la protection des ressources naturelles de l' »Amazonie bleue », nom donné aux eaux territoriales brésiliennes (4,5 millions de km2), d’une surface comparable à celle de la forêt amazonienne.
Il s’agit aussi de surveiller les gisements de « pré-sal », immenses réserves de pétrole situées en eaux très profondes, sous une épaisse croute de sel, et dont les concessions ont commencé à être négociées ces dernières années lors d’enchères très disputées par les majors du secteur.
En ce qui concerne le sous-marin nucléaire « Alvaro Alberto », qui ne prévoit pas de transfert de technologie française pour ce qui est du réacteur, la mise à l’eau devrait avoir lieu au second semestre 2029, six ans après les prévisions initiales.
Le projet a pris du retard notamment en raison de restrictions budgétaires liées à la récession historique de 2015 et 2016 dont le Brésil peine encore à se relever.
Il a également été secoué par des soupçons de malversations d’Odebrecht, chargé de la construction du chantier naval dans le cadre d’un consortium avec Naval Group, et qui s’est retrouvé au coeur d’un vaste scandale de corruption.
Après cette mise à flot symbolique, le « Riachuelo » sera soumis à toute une série de tests. Il devrait être mis en service dans deux ans.
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