Le Nord magnétique fonce du Canada vers la Sibérie

Le Modèle magnétique mondial (World Magnetic Model) est utilisé pour la navigation aérienne et maritime des armées, mais aussi par les boussoles de nos smartphones. Il est mis à jour tous les cinq ans, mais le dernier modèle, datant de 2015, s’est avéré en décalage important par rapport aux observations réalisées à la fin de l’année 2018.

Le champ magnétique terrestre est généré principalement par le mouvement du fer liquide qui compose la majorité du noyau terrestre, à 3.000 km sous la surface. C’est ce qui fait dériver les pôles magnétiques.

Le modèle permet de corriger la direction indiquée par la boussole afin de retrouver le nord géographique, qui est fixe.

La découverte du Nord magnétique, dans le nord du Canada, date de 1831.

Les scientifiques des agences atmosphériques américaine et britannique (NOAA et BGS) ont publié lundi une mise à jour urgente du modèle, avant une prochaine actualisation normale fin 2019.

Concrètement, si on comparait la direction indiquée par l’aiguille d’une boussole depuis la France entre aujourd’hui et il y a deux siècles, il y aurait une différence d’une vingtaine de degrés, explique à l’AFP Arnaud Chulliat, géophysicien à l’Université du Colorado à Boulder et à la NOAA.

« C’est un mouvement très lent mais qui est bien réel. Sur plusieurs décennies, cela peut atteindre plusieurs degrés », dit-il.

Ce décalage n’a pas beaucoup d’importance dans les latitudes les plus peuplées, mais « près du pôle magnétique, le changement est plus rapide ».

Le Nord magnétique, au fil des siècles, s’est déplacé de façon plus ou moins imprévisible dans les archipels du Grand nord canadien. Depuis la fin du XIXe siècle, il file en direction de la Sibérie. Depuis les années 1990, le mouvement s’est accéléré, à travers l’océan Arctique, la vitesse passant d’environ 15 km/an à 55 km/an aujourd’hui.

Comment mesure-t-on ce champ magnétique? Les chercheurs se rendaient autrefois sur la banquise pour réaliser des mesures et localiser le Nord magnétique, l’endroit où l’aiguille d’une boussole pointerait exactement à la verticale. Arnaud Chulliat et des collègues ont fait une telle expédition en 2007. Des observatoires mesurent aussi le champ magnétique.

Mais les données les plus utilisées aujourd’hui viennent des trois satellites Swarm, lancés par l’Agence spatiale européenne en 2013.

Voir les autres articles de la catégorie

ACTUALITÉS

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.